Et si on redécouvrait la pomme

Malus-communis-la-pommeGilles Corjon, herboriste – Née, parait il de relations extraconjugales entre le prunier et la reine des près, la pomme porte bien son nom (pomum = fruit en latin) puisqu’elle est dédiée à Pomona, la déesse des fruits. Pourtant ce parcours prestigieux a connu quelques « pépins » au tout début puisque dans le Livre de la Genèse, des croqueurs de pommes répondant au nom d’Adam et Eve furent chassés du Paradis pour avoir gouté au fruit défendu.

Mais c’est à tort que le fuit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal fut identifié à une pomme.
Même si malum en latin désigne bien la pomme, l’idée que cet arbre portait le mal (malus=mauvais) est donc totalement fausse.
Depuis la plus haute Antiquité, la pomme est considérée comme un symbole de santé et de vitalité et on utilisait les vertus thérapeutiques de ce fruit à pépins qui entrait dans la confection d’onguents. A ce propos, le mot « pommade » dérive bien de la pomme.

Aujourd’hui de nombreux travaux scientifiques permettent de mieux comprendre pourquoi la pomme possède des atouts nutritionnels uniques et des vertus thérapeutiques qui contribuent au maintien d’une bonne santé.

En résumé, son faible apport calorique pour 100g , sa grande richesse en anti-oxydants et sa teneur particulière en fibres solubles et insolubles justifient le fait que la pomme avec sa pelure contribue à abaisser les risques cardiovasculaires, à prévenir la constipation , à maîtriser les fluctuations de la glycémie et à prévenir le cancer.

Revenons plus en détail sur les composés phytochimiques responsables d’une grande partie de ses propriétés bénéfiques :

Plusieurs équipes de chercheurs ont mis en évidence dans la pomme et particulièrement dans la peau (pardon dans l’épicarpe) des quantités appréciables de flavonoïdes dont la quercétine(4mg /100g), un composé anti-oxydant que l’on retrouve dans les choux rouges et de nombreuses baies.

La quercétine* est un nutriment d’exception aux propriétés anti-inflammatoires, anti-allergiques et dont on connait l’aptitude à inhiber la prolifération de plusieurs tumeurs cancéreuses (peau, prostate). Dans la pomme, ces flavonoïdes sont combinés à d’autres substances polyphénoliques comme l’acide férulique et à des triterpénoïdes comme l’acide ursolique qui possède également de remarquables propriétés anti-inflammatoires. Au total, l’ensemble de ces composés phytochimiques ajouté à une teneur non négligeable en vitamine C (5mg/ 100g) pourrait réduire de manière significative la croissance d’au moins deux types de cellules cancéreuses : celle du foie et du colon.

Dans une étude menée au Pays de Galles sur 2500 personnes pendant 5 ans, une corrélation positive entre la fonction respiratoire (amélioration de la capacité respiratoire chez les fumeurs) et le nombre de pommes consommées par semaine a été trouvée.

Plus récemment, diverses études sur des souris auxquelles on a administré du jus de pomme lyophilisé pendant un mois ont montré qu’elles s’orientaient plus facilement dans un labyrinthe que celles qui n’avaient pas reçu le jus de pomme.

En 2010, une étude clinique réalisée en milieu hospitalier sur des patients souffrant d’une maladie d’Alzheimer modérée à avancée a permis de mettre en évidence une nette amélioration des symptômes comportementaux (anxiété, dépression, agitation) chez les sujets qui recevaient deux verre de 120ml de jus de pommes par jour. Cela pourrait suggérer que plusieurs phytonutriments de la pomme auraient une action neuroprotectrice.

Ces résultats viennent confirmer qu’il est judicieux de manger au moins une pomme non pelée par jour et corroborer le célèbre dicton anglais : « an apple a day keeps the doctor away »

Gilles Corjon