Une société qu’on «tranquillise»

hypericum_perforatum-Copier-597x288Prozac végétal – Quoi de plus facile que de prescrire des antidépresseurs à une foule de demandeurs d’emploi inquiets pour leur avenir ou à des marginaux, toxicomanes et délinquants, pour rendre l’ensemble de la société « plus apaisée » ?
« Cela coupe court à toute revendication en déplaçant le discours du champ social à celui de la médecine » nous disait le Professeur Zarifian,

dans son livre « Des paradis pleins la tête » sorti en 1994.

Il y a tout juste 20 ans, en mars 1994, le même docteur Zarifian signait un papier intitulé  » la France gouvernée par les tranquillisants » dans le journal l’Express. Aujourd’hui, rien n’a vraiment changé. Peut-être même que la situation s’est plutôt aggravée ! … ( site Europe 1)

Le neurobiologiste François Gonon, que nous vous avons présenté dans une vidéo, quant à lui, déclare que toutes les molécules chimiques actives sur le cerveau ont été trouvées « par hasard » dans les années 50 et que depuis plus de quarante ans, on n’a rien trouvé de significatif pour améliorer les maladies « psychiques et mentales ». Ce qui revient à dire que  » vouloir soigner le cerveau avec ces médicaments c’est comme vouloir réparer une montre avec une paire de tenaille ».

Quand on est « abruti » par les traitements, on ne manifeste plus dans les rues, on n’exprime plus rien, on est chez soi et « on ferme sa gueule » Cette utilisation des médicaments de « l’âme » n’est pas nouvelle puisqu’aux Etats-Unis elle fait fureur pour « soigner la délinquance ». Dans l’ex-URSS, on avait aussi médicalisé les opposants au régime en les internant comme schizophrènes dans des hôpitaux psychiatriques.
Le bénéfice de la médicalisation de l’existence est évident pour la société, affirme l’auteur. La diversion – vers le médical – des révoltes, des rébellions contre l’injustice, des inégalités, de la pauvreté et des insatisfactions personnelles garantit la paix sociale. »

Sur quels faits objectifs s’appuie cette théorie plutôt dérangeante

Les psychotropes englobent quatre classes de produits : les neuroleptiques (appliqués aux psychoses), les anxiolytiques (contre les angoisses), les hypnotiques (lutte contre l’insomnie) et les antidépresseurs (intéressant les troubles de l’humeur).

Leur hyper- consommation est d’autant plus inquiétante que ces trois dernières catégories de médicaments du cerveau – initialement réservées au traitement de troubles psychiques – sont maintenant utilisées contre les stress de la vie quotidienne : du chagrin d’amour aux réprimandes du chef de service. On est en train de créer une camisole chimique avec le concours des services sanitaires pour atténuer les effets du chômage, du désespoir social et de la délinquance.

Si nous n’assistons plus à des explosions sociales type Mai 1968, ne serait-on pas en droit de penser que les molécules chimiques font bien leur travail ?

Le professeur Zarifian insistait sur le fait qu’initialement toutes les molécules du cerveau étaient dévolues à une utilisation psychiatrique et non sociale comme cela se fait actuellement.

Un marché qui rapporte

N’allons nous pas vers ce qu’en d’autres temps Aldous Huxley, auteur célèbre, parlait dans son livre  : « Le meilleur des mondes »?
N’est-on pas en train de « fabriquer » un humain sous influence médicamenteuse avec la complicité de l’industrie du médicament ?

« On sait, explique le Dr Massé, que 30% des actes médicaux concernent des problèmes relationnels qui devraient être traités par des méthodes psychologiques. Or, les médecins ne sont pas actuellement formés à la prise en charge des phénomènes psychiques. De fait – deuxième surprise – dans l’immense majorité des cas, les psychotropes sont prescrits par des médecins généralistes. Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui ne veulent plus être des « dealers ». Tel est le mot employé par le Dr Jean-Pierre Noiry dans la revue « Prescrire »: « Les laboratoires pharmaceutiques, affirme-t-il, ont longtemps effectué, sans réserve, la promotion de ces médicaments en minimisant leurs effets indésirables. La Faculté a inculqué aux étudiants des réflexes de prescriptions médicamenteuses devant tout problème. Le public a institué en véritable fait de société la prise du comprimé devant tout mal-être. » Bref, tout le monde est impliqué dans cette colossale consommation de psychotropes. Il ne s’agit pourtant là ni d’aliments ni de friandises.

En France, en 1993, les ventes d’hypnotiques, de sédatifs, de tranquillisants et d’antidépresseurs avaient déjà totalisé plus de 3 milliards de francs. A lui seul, le Prozac, dernier apparu sur le marché, antidépresseur de réputation internationale, avait réalisé en France, en 1993, un chiffre de vente de 573,5 millions de francs, en progression de 16% sur l’année précédente. Mais, c’était déjà en 1993 et, les chiffres sont aujourd’hui bien supérieurs même si en France, bonne nouvelle, nous ne serions plus leaders dans les anti-dépresseurs !

Existe-t-il des alternatives naturelles à ce mal de vivre sociétal ?

Les plantes ou les compléments alimentaires peuvent-ils trouver leur emploi ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre dans un très prochain article sur la nutrition optimale du système nerveux dans « Paroles d’experts ».

Bernard Burlet

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