Le message universel d’Etty Hillesum Les Amis d’Etty Hillesum – Le 15 janvier 2014, Etty Hillesum aurait eu 100 ans. Disparue en 1943 à Auschwitz, camp de concentration, sa renommée et son influence n’ont cessé de croître tant son itinéraire intérieur (trouvé dans son journal un peu comme celui d’Anne Franck) est plein de sens pour les humains actuels. Cette femme, morte à seulement 29 ans, livre au travers de ses écrits un parcours spirituel qui en moins de trois ans va la conduire à une profondeur et une liberté intérieure digne des plus grands mystiques de tous les horizons spirituels du monde. Sa vie : Sa jeunesse, plutôt libérée à cette époque, va la conduire dans de nombreuses liaisons passionnées où sa sensualité débridée va l’entrainer dans un amer sentiment de désespoir. Lorsqu’en 1941, elle rencontre Julius Spier, un psychologue qui a presque 30 ans de plus qu’elle, elle s’éprend de lui, en un premier temps devient sa maîtresse puis en quelque sorte, sa fille spirituelle. Très avide de vérité, elle va mettre un peu d’ordre dans sa vie et commence le 8 mars 1941 à rédiger son journal. Au contact de Spier, elle découvre les philosophes, les poètes et écrivains comme Tolstoï , Dostoïevski mais aussi la Bible et le message de Jésus. Ce qu’elle découvre : Insensiblement, elle découvre les voies de l’intériorité et trouve une forme de Paix intérieure qu’elle perçoit au plus profond de son esprit : » il y a en moi un puits très profond et dans ce puits il y a une présence (Dieu) ». Ainsi en janvier 1942, lorsque la » solution finale » va être décrétée, Etty accepte une place au Conseil Juif pour consoler et encourager ses compatriotes en désarroi. Certes, cette posture n’est pas pour lui plaire, mais elle garde en son cœur une liberté, une paix, un amour de la vie et de tous les humains incomparable. Etty avait dans un premier temps été frappée par l’enseignement de Jésus sur l’abandon à la Providence. Le désir de vivre » comme les lys des champs » devient alors le leitmotiv de sa vie intérieure. » J’ai en moi une immense confiance, celle de continuer à accepter la vie et à la trouver bonne, même dans les pires moments » En un second temps, son amour pour l’humain devient plus universel » le souci pour les proches ne doit jamais devenir un empêchement à ouvrir son cœur au prochain ». Je sais qu’on doit se défaire même de l’inquiétude qu’on éprouve pour les êtres aimés. « Toute la force, tout l’amour, toute la confiance en Dieu que l’on possède … on doit les tenir en réserve pour tous ceux que l’on croise sur son chemin et qui en ont besoin ». Elle sent qu’elle doit insensiblement se détacher de tout, que rien ne devra l’empêcher de suivre le destin qui sera le sien. » L’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ; regarder la mort en face et l’accepter comme partie intégrante de la vie c’est élargir la vie… » Son témoignage : Face au mal qui s’abat sur la communauté juive, Etty réagit quant à elle par un surcroît d’amour et elle affirme que les racines du mal sont aussi en chacun de nous. C’est là qu’il faut le combattre. Seul l’amour inconditionnel de tout homme peut mettre fin au mal. Dans son rôle, elle va se donner sans compter auprès des mamans, des enfants seuls, des personnes âgées, de tous ceux à qui elle peut apporter du réconfort. Sa vie intérieure s’approfondit » quand je me tiens dans un coin du camp, les pieds plantés dans la terre, les yeux levés vers le ciel, j’ai le visage inondé de larmes… c’est ma prière « . Etty Hillesum va tout perdre ; d’abord son compagnon spirituel en 1942, Julius Spier, ce qui l’oblige à cheminer seul sur les voies de l’intériorité, puis tous les membres de sa famille (ses parents et son frère vont être exterminés). Pourtant, à un moment donné, elle avait encore le choix de s’enfuir, de se cacher, mais elle ne le fera pas, acceptant de ce fait le destin de son peuple. Le message qu’elle délivre du plus profond de cette noirceur, c’est que tout au fond de l’humain se cache « l’absolu » qui ne peut périr. Actuellement, toutes les communautés se revendiquent des écrits d’Etty Hillesum (Juives Chrétiennes, bouddhistes et bien d’autres encore…). Cependant, ses écrits ont ceci de particulier : ils sont universels et apportent beaucoup de Paix surtout dans une période que l’on dit troublée… Quelques citations : « Cette peur de ne pas tout avoir dans la vie, c’est elle justement qui vous fait tout manquer. Elle vous empêche d’atteindre l’essentiel ». « Ce ne sont jamais les choses du monde extérieur qui m’attristent, c’est toujours ce sentiment en moi, abattement, incertitude ou autre, qui donne aux choses extérieures leur coloration triste ou menaçante. Généralement, les mesures les plus menaçantes – et elles ne manquent pas en ce moment – viennent se briser sur ma certitude intérieure et ma confiance et, ainsi filtrées en moi, perdent le plus clair de leur caractère menaçant ». « Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit ». Alors, que l’on soit croyant ou non, ce témoignage de vie est édifiant et rassurant sur la grandeur possible de l’homme. Roland Reymondier Ecrivain éditions Dangles Pour ceux qui veulent en savoir plus sur sa vie, regardez ce petit film de 30′ :