Le bouddhisme à la mode occidentale: bien loin de ses origines !

Photo Temple tibétain de Montchardon (Vercors) – Un article de Roland Reymondier – Quand, dans mon adolescence, je me suis intéressé aux religions orientales, j’ai abondamment lu les ouvrages d’Alexandra David Neel mais aussi ceux du docteur Suzuki puis Deshimaru un moine qui venait des temples Japonais pour enseigner le Zen en France.

Alors il m’est apparu une pratique nommée bouddhisme qui, loin du christianisme me semblait assez austère, avec des initiations longues, fastidieuses, des pratiques de koans pour les japonais, des postures en tailleur qui pouvaient durer de longues heures pour les indiens ou les japonais.
En fait cette « ascèse » ne semblait pas à première vue une partie de plaisir loin de là, mais elle n’était pas faite pour me déplaire.

Ce qui avait retenu mon attention portait sur l’exigence d’un détachement de soi, d’une attitude d’abandon de l’égo, d’un certain  » décentrage » mais aussi une philosophie classée comme nihiliste et non vraiment une religion.

A cette époque le bouddhisme était dans mon esprit une pratique sensée me libérer de mes « attachements » à tous mes désirs égoïstes, une forme de libération de mon petit  » moi » pour trouver un état d’être emprunt de sagesse et sérénité.
La voie du Bouddha c’est celle qui semblait-il doit nous libérer de la souffrance et des désirs qui en sont la source.

Il y avait dans « mon bouddhisme »,en fait celui de Shakyamuni, le Bouddha des origines, une forme de pratique dépourvue de rituels, une pratique de non-attachement aux valeurs temporelles qui n’était pas sans me rappeler mon enseignement chrétien sur la Providence.

Je voyais dans ce bouddhisme une voie d’accès à l’intériorité « hors cadre », une voie d’accès à un éveil qui, à s’y méprendre, ressemblait à un état que Jésus nommait  » Royaume des Cieux ».

Si le bouddhisme m’était conté…

Dans les années 1800, les élites intellectuelles de l’Occident, surtout anticléricales, ont trouvé en Bouddha un maître à penser, plutôt philosophe, avec la pratique d’une voie d’accès à une forme de sagesse faisant abstraction du christianisme qu’ils reprochaient de n’être qu’une religion ritualiste.

Pour eux, nul doute, la personne de Bouddha « collait » bien avec les rites initiatiques des sociétés « secrètes » révélant des mystères réservés aux seuls initiés.

D’ailleurs, le bouddhisme japonais était pratiqué sous la forme d’une transmission faite de maître à disciple et cela convenait bien à ces personnes avides de sagesse transcendante.

  • Bouddha est ce personnage dont la pratique est en opposition avec l’hindouisme traditionnel très ritualisé et basé sur des textes bien plus anciens avec une religiosité bigote un peu comme celle que nous trouvons en Occident chrétien.
  • Bouddha se passait de Dieu et cela convenait bien à nos étudiants occidentaux.
  • Ainsi la Société Théosophique aux pratiques ésotériques emprunta beaucoup au bouddhisme et c’est une voyante nommée Blavatski qui était censée être en contact avec l’invisible et dont les maîtres du monde se trouvaient dans un Tibet Invisible et Mythique.

Un peu plus tard c’est dans cette société que Krishnamurti fut remarqué comme le messie des temps nouveaux.

Il faut dire que pour ces « initiés » Jésus, Bouddha, sont des  » Avatars » et que notre monde est en attente d’un nouveau messie, les théosophes disaient l’avoir trouvé en la personne de Krishnamurti.
Cependant, ce dernier n’accepta pas ce qualificatif et pour cette raison devint un enseignant qu’on peut qualifier de « spirituel » mais officiant hors d’une église ou organisation quelconque !

Les tibétains viennent à la rescousse d’une nouvelle religiosité

Depuis quelques années avec l’arrivée des lamas tibétains, les temples se multiplient en France et avec eux des nouveaux dévots qui, à la différence des bouddhistes du dix neuvième siècle ont des cultes très ritualisés. Ici la statue d’un bouddha qu’il faut saluer, là le message d’un maître lama qui détient le savoir issue d’une très haute lignée qu’il faut écouter!

En fait, on s’aperçoit vite qu’il ne s’agit pas simplement d’une philosophie, mais d’une véritable pratique avec ses dogmes, ses prosternations, ses rituels et ses ordres religieux….

Car au Tibet le Bouddhisme est une religion pas une philosophie. D’ailleurs Bouddha bien qu’homme est « déifié ». Partout dans les temples les statues reçoivent des « présents » et on fait brûler de l’encens au pied des idoles bouddhiques.

  • Pour quelle raison nos congénères se retrouvent-ils plus dans une religion encore plus éloignée d’un certain rationalisme et qui demande de s’accommoder de la réincarnation plutôt que de la résurrection ?
  • Pourquoi faire appel aux pouvoirs surnaturels des bouddhas et de l’accompagnement des bodhisattvas qui ont remplacé nos saints dans notre conception chrétienne ?
  • En quoi la mythologie bouddhiste n’est-elle pas une religion avec ses lamas, ses rites, ses croyances, ses formes de sacrements ?

Certes, si on parle de philosophie et qu’on affirme que ce monde est illusoire, alors pourquoi se livrer à des cérémonies qui en fait sont totalement en contradiction avec une perception bouddhique originelle: sans Dieu, sans dogme, sans hiérarchie, sans surnaturel.

Pourquoi entrevoir des divinités qui pullulent et dont on ne connait rien ?

Oui, je suis perplexe, car à la limite j’accepte volontiers « l’expérimentation », la voie du Silence, la pratique de l’Oraison (terme trop chrétien qui s’approche de la méditation) …. Bouddha aurait affirmé après avoir fait son expérience  » d’Eveil »: Ne me croyez pas, expérimentez !

J’avoue partager les mêmes points de vue que Marion Dapsance sur certaines dérives que je ne qualifierai pas.
Je respecte toute personne qui emprunte sincèrement la démarche d’une foi véritable et qui se conduit de manière altruiste et morale.

Pour avoir approché de près des dévots bouddhistes, je ne trouve pas qu’ils rayonnent plus que les petits frères des Pauvres chrétiens et je n’ai pas vraiment constaté un non attachement dans leur vie quotidienne comme cela pourrait se voir.

Alors pour ceux qui veulent en savoir plus j’estime que Marion Dapsance apporte un éclairage vrai et courageux: tendez l’oreille car le son est assez faible.

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Roland Reymondier