Le régime Paléolithique …beaucoup d’interrogations ?

220px-Lucy_Australopithecus_Restoration_modelPhoto Wikipédia Lucy – Depuis le milieu des années 1980, le nouveau dogme de la santé repose sur les préceptes d’un régime qui remonterait au Paléolithique. En France, ce fut un certain Burger qui le fit entrevoir au travers de l’élaboration de l’instinctothérapie et, dès ce moment là, divers scientifiques se sont mis à

étudier cette époque et, ils ont déterminé quelles étaient les pratiques alimentaires des chasseurs-cueilleurs du paléolithique.

On est amené à remarquer que l’espérance de vie de cette période est de 25 ans en moyenne seulement et qu’elle s’étale sur plus de 2 millions d’années et que l’on perçoit un hominidé consommant en un tout premier temps des racines, tubercules, des baies sauvages, donc totalement végétarien. D’autre part, il y a aussi une autre espèce, Néandertal ou Homo sapiens, qui pratique la cueillette, la chasse pour devenir un gros carnivore et enfin un homme se substentant de baies et tubercules, de proies chassées mais aussi de poissons et crustacés…

Que sait-on vraiment sur le paléolithique ?

La question que l’on peut légitiment se poser est celle de savoir si les critères de santé prônés par les partisans du régime Paléolithique sont ceux de la première période où l’on ne semblait que consommer des végétaux, celle transitoire où tubercules, baies et viandes de chasse auraient fait leur apparition où encore la période se rapprochant du néolithique avec l’apparition des graminées.

L’un de ces chercheurs, Loren Cordain, professeur au Département des sciences de la santé et de l’exercice à l’Université du Colorado a vulgarisé ces thèses en 2001 dans un livre grand public adapté à la culture américaine, « The Paleo Diet » et dans le blog qui l’accompagne. Il y décrit le régime préhistorique tel que l’on devrait le suivre à notre époque et est devenu l’un des chefs de file de l’alimentation paléolithique. Il propose de revenir à une alimentation la plus proche possible de celle de nos origines c’est-à-dire des premiers homo sapiens en Europe.

La version américaine de la « diète paléolithique » n’insiste pas sur le fait de consommer les aliments majoritairement crus, ce que dénoncent certains adeptes plus crudivoristes, en particulier en Europe.

D’où vient l’engouement pour ce mode d’alimentation?

En France ce régime a été défendu par Thierry Souccar, journaliste scientifique et créateur du site d’information indépendant la Nutrition .fr ainsi que par le Dr Dominique Rueff spécialiste de l’immuno nutrition.

Pour ce dernier, un retour au mode alimentaire paléolithique – riche en protéines et en fibres et pauvre en sucres – permet de perdre du poids, d’améliorer sa forme et sa santé et de prévenir un certain nombre de maladies chroniques graves. Ce régime repose sur un strict contrôle de la quantité et de la qualité des glucides ingérés et sur l’éradication des aliments auxquels notre physiologie digestive et immunitaire n’est pas fondamentalement préparée.

On trouve aussi des livres de cuisine traditionnelle comme l’essai déjà ancien de l’écrivain Joseph Delteil « la cuisine paléolithique ». Le régime paléolithique, que nos ancêtres ont pratiqué pendant des millions d’années et auquel notre physiologie serait adaptée, se compose de viande de gibier et de plantes sauvages. Le « paléo régime » est donc résolument pré-agricole, c’est-à-dire sans sel, sans sucre sans additifs ni conservateurs mais aussi sans céréales ni laitages, à base de viande ou poisson maigre.

Le régime paléolithique ne repose sur aucune preuve d’envergure comme cité ci dessous…

Le régime Paléolithique ne repose sur aucunes données scientifique ou ethnologiques. Il ne peut y avoir aucune donnée épidémiologique sur le bien fondé de ce type d’alimentation, pourtant si l’on regarde des populations dont l’alimentation est celle des premières civilisations du néolithique on perçoit une grande différence. En fait, ce sont toutes celles qui prirent naissance avec l’adoption d’un régime céréalien de l’Antiquité.

Certains peuples du Néolithique (agriculteurs sédentarisés) passent toute leur existence, même au-delà de 120 ans, sans connaître la moindre maladie grave et sans recours à la médecine moderne.

De nombreux spécialistes se sont interrogés depuis 1920 pour essayer de comprendre quels étaient leurs secrets de longévité et de santé. Ces communautés sont une dizaine: les Hunzas de l’Himalaya, les Equatoriens de la Cordillère des Andes, les indiens Tarahumara occupant les chaudes vallées du Caucase septentrional, les Crêtois et enfin les habitants d’Okinawa, deux iles paradisiaques qui ont inspiré les célèbres régimes alimentaires santé largement diffusés en occident.

Ces populations qui n’affichent pas l’espérance de vie que l’on octroie aux hommes du Paléolithique, c’est à dire à peine 30 ans mais plutôt 120 ans ont pour base une céréale accompagnée d’une légumineuse et de très nombreux végétaux parfois et même souvent sauvages.

Ainsi, c’est le maïs accompagné de haricots rouges qui prédomine chez les indiens Tarahumara peuple de le Sierra Madre qui sont tellement résistants qu’ils peuvent courir de 24 à 48 heures en parcourant de 150 à 300 kms. Ces hommes tirent de la forêt l’essentiel de leurs plantes médicinales …. Ils sont végétariens et aussi centenaires.

La céréale de base des Hunzas c’est l’orge mais aussi le blé et le sarrasin. Ces derniers mangent aussi des grains crus avant maturité lorsqu’ils sont encore laiteux ou encore sous forme de salade après germination, des haricots, pois chiches accompagnent le tout. Enfin, il faut signaler l’incomparable abricot qu’ils cultivent avec amour et dont la renommée n’est plus à faire.

Le régime traditionnel d’Okinawa c’est riz complet et soupe miso accompagné d’une prodigalité de légumes et d’algues, le soja est présent tous les jours et là encore absence de produits leaders des tenants du régime paléolithique…

Le pain traditionnel crétois (Le paximadi) est un pain complet noir fabriqué avec du blé, de l’orge et du seigle et reconnu pour sa valeur diététique (alors que notre pain blanc à la levure est nocif). Il renferme des vitamines B indispensables au système nerveux et ses fibres aident au meilleur fonctionnement du côlon (prévention des cancers gastro-intestinaux). Jusqu’à ces dernières décennies, les Crétois ne mangeaient du pain blanc (dépourvu de son) que cinq ou six fois par an, pour Noël, Pâques…ou une grande fête. Là encore, dans leur alimentation, la palette de légumes riches en oméga 3 comme le pourpier est fantastique.

Pourquoi faire l’apologie du régime Paléolithique ?

Là, comme pour pas mal de domaines actuellement, l’effet mode est totalement justifié. On ne peut mener les mêmes investigations que celles faites sur toutes les populations précédemment citées alors on imagine qu’il fut un temps où il y avait une terre plus saine, une alimentation plus favorable et que la chute de ce jardin d’Eden pourrait se confondre avec le passage du Paléolithique à celui du Néolithique, laissant supposer que ce jardin ressemble plus à une jungle d’ancêtres carnivores qu’à un Paradis perdu.

Le Néolithique a donné naissance aux plus belles civilisations que l’on ait pu connaitre et dont la santé est en relation avec celle des populations de centenaires verts et alertes que nous avons décrit…Pourquoi autant d’obstination à ne pas voir les faits et les hommes qui actuellement encore vivent selon ces principes alimentaires ?

Acteur-Nature