La panacée universelle

290px-Mandragora_autumnalis1431Photo Wikipédia – C’est une croyance très ancienne qui veut que la nature recèle une substance renfermant le principe de vie qui a le pouvoir de guérir toutes les maladies. Il nous reste à savoir si cette panacée, du nom d’une déesse mythologique fille du dieu de la médecine Esculape, existe réellement.
Acteur-Nature pose la question :

la panacée universelle est-elle disponible à tous?

Les alchimistes semblaient avoir trouvé la réponse. La panacée se trouvait dans la transmutation de vils métaux en or mais il nous faut admettre que cette forme de panacée n’est pas accessible au plus grand nombre… et qu’elle n’est plus très actuelle. Alors, partons à la recherche si vous le voulez bien de cette fameuse panacée qui fait toujours rêver.

La racine de Mandragore: panacée des temps anciens

De tous temps la panacée fut recherchée dans la nature au travers des plantes.
Ainsi, aucune n’a atteint la célébrité de la Mandragore qui a fait couler beaucoup d’encre depuis l’Antiquité.
Selon une vieille légende, cette plante émettait, lorsqu’on la déterrait, un cri si strident qu’il pouvait faire périr quiconque tentait de la cueillir.

On trouve la représentation graphique de la Mandragore sur le trône de Toutânkhamon et comme cette plante n’est pas indigène en Egypte, il faut penser qu’on a pu intentionnellement la cultiver.
Dans une longue tradition remontant au Moyen-âge, une plante citée dans la Bible sous le nom de dedudaim, serait en fait de la mandragore.

Dans la Bible, on lit que Léa la première épouse de Jacob était devenue stérile. C’est ainsi que Ruben leur fils aîné a rapporté à sa mère des racines de mandragore. Rachel, seconde épouse de Jacob et aussi sœur de Léa, lui demande de les lui donner. Cependant, celle-ci n’accepte qu’à la condition de passer une nuit avec Jacob. Ce à quoi Rachel consent.

Léa concevra cette nuit-là et donnera plus tard naissance à Issachar en disant : « Dieu m’a donné mon salaire » (Extrait de la Bible Genèse 30). La mandragore aura permit la fertilité.

Dès l’Antiquité, les médecins grecs prescrivaient la racine de mandragore contre ce que l’on pourrait nommer dépression aujourd’hui

Théophraste au IVe siècle av. J.-C. rapporte que la racine traite les maladies de peau et la goutte et que les feuilles sont efficaces pour soigner les blessures. Des propriétés sédatives lui étaient aussi connues. Prudemment, Dioscoride met en garde contre la toxicité de la plante.

Selon les Assyriens, la mandragore éloignait la peste, apportait le sommeil, soulageait la douleur et faisait repousser les cheveux.
On lui reconnaissait des vertus aphrodisiaques mais le plaisir qu’elle donnait risquait de coûter fort cher ; en raison de sa forme humaine, la racine était la matérialisation d’un lutin, et quand on l’arrachait de terre, ce génie poussait un cri ; quiconque entendait ce cri mourait ou devenait fou…

La racine de Mandragore a entretenu des mythes les plus fous qui soient et aucune plante n’a fait l’objet de tant de légendes que celle-ci.
Elle doit son succès en grande partie à sa racine qui a vaguement la forme d’une poupée semblant avoir les caractéristiques « sexuelles » qu’on voulait bien lui donner. Cela contribuant beaucoup aux vertus aphrodisiaques que, de tous temps, on lui prêtait.

Même si pendant longtemps, elle fut considérée comme un talisman, cette plante recèle en son sein un narcotique si puissant que, paraphrasant Bacon, une panacée vraiment radicale soit :
« La mort est le remède à tous les maux. »

La panacée dans les traditions populaires

Tous les pays prêtaient des pouvoirs peu ordinaires à certaines plantes. Ainsi, au Royaume Uni, le 24 juin, jour de la Saint Jean, l’herbe qu’on ramassait à cette époque était désignée sous le nom de tutsan, déformation du français « toute saine ». Il semble bien qu’on fasse référence ici au millepertuis.

Quand on pense à la valériane, ses propriétés médicinales paraissent innombrables et une légende veut que les chats déterrent les racines qu’ils mâchent pour atteindre l’extase d’où le nom donné « herbe aux chats »

En d’autres temps, le gui qui était censé détourner les mauvais esprits et protéger des dangers matériels, a été promu au rang de panacée.

Rudoph Steiner désignait cette plante comme un anticancéreux majeur. Actuellement, il existe ce qu’on nomme Iscador, un gui fermenté auquel l’anthroposophie attribue des qualités anticancéreuses.
Ce produit est distribué par le laboratoire Weleda sous forme de viscum album fermenté (VAF). La fabrication se faisant à l’institut Hiscia en Suisse selon un procédé bien spécifique.

Le fait est que le gui « sauve » en quelque sorte les arbres déformés par des excroissances qui font penser à des tumeurs.
Le gui est-il le puissant anticancéreux qu’avait décrit Rudoph Steiner, la panacée du cancéreux?

En Inde, par périodes, la serpentaire était considérée comme une panacée. Selon un médecin du XVIIIème siècle, elle était l’antidote de tous les poisons connus, elle atténuait l’angoisse, la peur ; en usage externe, elle soulageait la douleur ; elle était réputée calmer les fièvres et vomissements, embellir la peau et donner de l’éclat au regard.

Au XIXème siècle se multiplièrent teintures, lotions et toniques qui faisaient état d’une efficacité extravagante pour « bonifier » les fonctions du corps, pour prolonger la vie. Leur commerce fleurissait car on voulait un bien-être euphorique auquel on se raccrochait.

Quand des substances comme le laudanum ou le chanvre indien procuraient un bien-être illusoire, les utilisateurs se sentaient heureux jusqu’à ce qu’ils déchantent.
La toxicomanie dont ils étaient alors victimes les faisait sombrer dans une dépendance qui leur ouvrait les portes de l’enfer.

Sherlock Holmes, héros de Conan Doyle, usait de cocaïne qui affutait ses sens en éveil mais il en prenait surtout quand il était dans les périodes où il n’avait pas d’enquêtes à résoudre. C’était sa panacée à lui qu’il avait en commun avec Sigmund Freud le père de la psychanalyse …..

Quand une boisson gazeuse américaine était considérée comme une panacée!

Le 8 mai 1886, le docteur John Styth Pemberton, pharmacien d’Atlanta (état de Géorgie), inventa une nouvelle boisson gazeuse. Il voulait trouver un sirop original et désaltérant et une nouvelle panacée des temps modernes.
Il mit au point un mélange comprenant de l’extrait de noix de kola, du sucre, de la caféine, des feuilles de coca décocaïnées et un composé d’extraits végétaux.
En 1888, un autre droguiste d’Atlanta, Asa G. Candler, rachète tous les droits de la formule de la boisson pour 2300 dollars. Il retravaille la composition et aboutit à celle qui est toujours utilisée aujourd’hui. Gardée secret, on n’en connaît que le nom : 7X.
Aujourd’hui encore, moins d’une dizaine de personnes dans le monde sont au fait des proportions exactes des divers ingrédients. La recette dort quelque part dans la chambre forte de la « Trust Company of Georgia » à Atlanta.
A voir la propension qu’à pu prendre cette boisson extrêmement sucrée, peut-on vraiment parler d’une panacée propre à générer une meilleure santé?

Les panacées dans le monde de la diététique

La racine de ginseng est hautement estimée en Orient depuis la nuit des temps. Elle a fait depuis peu son apparition en Occident précédée d’une telle renommée que bien des gens ne demandent qu’à croire à ses vertus. Et Dieu sait si elles sont grandes !

Le Reishi, le Shiitaké, la racine de Rhodiola, l’Eleuthérocoque , le Schizandra, l’Astragale, l’Echinacéa, l’eau de Sainte Rita, l’Elixir du Suédois sont toutes des « panacées » très actuelles.

En fait, ce sont tous des produits aux qualités « adaptogènes » propres à générer un bien-être pour l’homme surmené de notre société actuelle.

Roland Reymondier
Conseiller en produits de nutrition