Le Moringa, une plante qui n’a pas fini de nous étonner

Photo site commodafrica.com – Il y a quelques années je faisais connaissance d’Abdane un jeune homme qui souffrait d’une maladie infectieuse à streptocoques dont il ne parvenait à venir bout malgré les médicaments antibiotiques. Il découvrit des moyens naturels de soin en France mais sans un total succès.
Alors, son plus grand désir fut d’aller au plus près du désert sud saharien dans une région du monde où on vit au plus proche de la nature, celle de ses ancêtres.

Il commença à pratiquer une nourriture un peu plus instinctive et après avoir fait la connaissance de la meilleure spiruline du monde (dont nous avons parlé dans un dossier) son cheminement le poussa à la rencontre d’autres populations de la région et surtout celle de Guinée.
Et là on peut dire que ce fut pour lui une véritable résurrection d’autant plus qu’il devint en quelques mois le promoteur d’un arbre dont on dit tant de bien et qui actuellement fait vivre des petites exploitations d’Afrique de l’Ouest : le moringa.

Depuis son immersion dans ce pays, Abdane va beaucoup mieux et il a donné un sens à sa vie : celui de la donner aux plus pauvres du monde dans ce pays, la Guinée Conakry, pays qu’il a adopté comme les enfants de cette région.
Actuellement, il est producteur de moringa et il attire notre attention sur les réels bienfaits, non seulement à titre commercial du produit, mais ceux qui prévalent pour une région où les populations sont les plus pauvres du monde.

Un article important dans la presse

Dans un article de Guinée Inter, l’auteur affirme que la filière Moringa de la fédération des producteurs de cette plante, a pour ambition de faire de la Guinée la capitale de la médecine naturelle et le président de l’association Terre vivante de Guinée le docteur Mody Oury Moringa Diallo affirme :

« Le moringa c’est plus qu’une mine d’or en parlant de ses vertus et avantages par rapport de ce qu’elle procure pour la santé de l’homme. Seules les feuilles de la plante peuvent soigner plus de trois cent maladies, sans parler des écorces, des racines et des tiges. La communauté scientifique s’active en termes de thérapie. Tous les jours que Dieu fait, les chercheurs travaillent sur les avancées de cette plante en matière de soins de santé. A titre d’exemple de maladie que le moringa traite, il régularise la tension artérielle qu’elle soit en hyper ou hypotension. »
Selon lui, le moringa est une plante transversale qui se retrouve presque dans tous les domaines de la vie sociale « Si nous prenons par exemple les moutons ou les chèvres qui broutent des feuilles de Moringa, comparé à une chèvre qui broute l’herbe sauvage, vous allez constater deux éléments distinctifs. La chèvre qui broute les feuilles aura plus de chair, mais aussi plus de rentabilité d’accroissement laitier. »

Une plante au secours des plus démunis

Le moringa c’est aussi et avant tout une plante qui améliore la nutrition des nourrissons et des femmes et hommes qui vivent de manière précaire.

Ainsi, dans l’orphelinat de « La case d’accueil de Réo, une ville du Centre-Ouest du Burkina Faso située à 115 km de la capitale on observe un jardin maraîcher d’apparence fort singulière. Depuis 2004, on y fait la production intensive de feuilles de moringa à l’instigation de Mme Françoise Coste-Lacoste, une infirmière retraitée de nationalité française qui dirige cet orphelinat où se retrouvent actuellement une vingtaine de bébés. Tout a commencé quand elle a observé que des gens venaient fréquemment récolter des feuilles sur les quelques pieds qui se trouvaient déjà dans la cour de l’orphelinat. Intriguée, elle décide alors de mieux connaître cet arbre qui attire tant les gens et découvre à travers ses recherches bibliographiques que les feuilles de Moringa oleifera sont quatre fois plus riches en vitamine A que les carottes, sept fois plus riches en vitamine C que les oranges, trois fois plus riches en calcium que la banane, deux fois plus riches en protéines que le lait et quatre fois plus riches en fer que l’épinard! Depuis, Françoise s’efforce de faire connaître au grand public les vertus du Moringa dans l’alimentation humaine et plus particulièrement celle des enfants malnutris

Une alternative à la faim dans le monde

Dans les pays sahéliens, le moringa mais aussi le baobab deviennent des aliments essentiels pour l’alimentation humaine et procurent souvent des revenus aux femmes grâce au petit commerce de leurs divers produits.
La moringa est l’une des rares plantes à contenir dans ses feuilles les dix acides aminés essentiels aux humains.
Les feuilles sont d’une telle prodigalité en vitamines qu’elles pourvoient le corps en tous les besoins qu’il peut en avoir.

  • Le témoignage de Françoise

Le moringa peut être cultivé comme une plante maraîchère. Françoise en entreprend la production dans le jardin de l’orphelinat afin de disposer d’une plus grande quantité de feuilles. Pour réussir son entreprise, elle s’attache les services d’un agent de la direction provinciale de l’agriculture et de quelques jeunes maraîchers de la localité. Aujourd’hui, le Moringa oleifera occupe environ ¼ ha dans le jardin de l’orphelinat. Les feuilles sont régulièrement récoltées et séchées à l’aide d’un séchoir traditionnel confectionné par l’orphelinat. Ces feuilles sont ensuite transformées en poudre et celle-ci est ajoutée aux repas des bébés à raison d’une cuillérée à café de poudre crue par repas, trois fois par jour. Une partie de la poudre de Moringa produite est aussi vendue ce qui permet à l’orphelinat de générer des revenus.

  • Les espoirs et les inquiétudes de Françoise

La disponibilité de semences de qualité, en quantité suffisante, et le problème de l’eau sont les difficultés majeures de l’orphelinat. Le Moringa étant d’origine exotique et encore peu présent au Burkina Faso, ses semences sont difficiles à trouver. Par ailleurs, les produits du neem, qui sont utilisés comme insecticide pour traiter les plants de Moringa, se font rares. Les graines du neem sont souvent vendues à l’extérieur de la province et les populations sont de plus en plus réticentes à laisser les employés de l’orphelinat venir récolter les feuilles sur les arbres qui poussent dans leurs champs. Pour contourner ces difficultés, l’orphelinat souhaite mettre en œuvre des projets qui nécessiteraient un appui de l’extérieur. Parmi ceux-ci, on note la création d’un verger à graines pour la production de semences de Moringa, l’installation d’un système d’arrosage « goutte à goutte » pour réduire la consommation d’eau et la mise en place de plantations afin d’accroître la production de feuilles. L’objectif de l’orphelinat est aussi d’arriver à réduire sa consommation de produits laitiers, lesquels sont de plus en plus chers, et de les remplacer par de la poudre de Moringa.
Pour cela, on aurait besoin de mieux connaître la composition et la teneur en éléments nutritifs de la poudre produite à l’orphelinat afin d’établir avec précision les doses adaptées aux besoins nutritifs des bébés.
Une autre idée chère à Françoise est de favoriser la consommation à grande échelle des produits à base de Moringa, surtout chez les femmes et les enfants. Pour cela, elle en encourage la culture dans les champs de case et les jardins des ménages. Elle ne manque pas non plus une occasion de faire connaître les mets qu’il est possible de confectionner à partir du Moringa.
C’est ainsi qu’elle a organisé, en collaboration avec la direction régionale du ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie du Centre-Ouest, une journée Moringa, le 7 septembre 2007, à Koudougou, le chef-lieu de la région. Présidée par le directeur régional de ce ministère, la journée a réuni environ une soixantaine de participants parmi lesquels des forestiers, des médecins, des pharmaciens, des chercheurs, des industriels de l’agroalimentaire ainsi que des responsables d’associations et d’ONG, tous intéressés par la promotion de la culture et la valorisation des produits du Moringa oleifera. C’est à cette occasion qu’a été prise la décision de créer un « Réseau Moringa » au Burkina Faso afin de favoriser la concertation, la circulation de l’information et le partage des expériences.

Les préoccupations d’Abdane…

Abdane, quant à lui, s’est fixé pour but de faire connaitre le moringa à nous tous qui vivons en France.

Son moringa actuellement fait vivre des populations qui n’ont aucune autre ressource.
Mais voilà, nous occidentaux voulons bien consommer ce produit extraordinaire à la seule condition qu’il soit « bio ».
Bio, mais il faut que ce moringa soit certifié… et pour cela il faut payer l’organisme très cher. Abdane a fait la démarche… on lui demande une somme qu’il ne peut pas payer car il n’en a pas les moyens!!!…
Mais là où se situe le nœud du problème c’est que paradoxalement on demande une certification pour des produits qui poussent sur un sol qui n’a jamais eu de produits chimiques ou phytosanitaires.

C’est un comble !

Et en plus, vous consommateurs, si vous ne connaissez pas les produits d’Abdane, votre réflexe sera de ne pas les acheter car sur le paquet il n’est pas fait mention « bio ».

Là où je veux en venir : c’est que parmi les moringa que j’ai eu la chance de consommer, ce sont ceux de cette région de Guinée qui me conviennent le plus…il n’est pas bio , il est plus que cela… il vient d’un jardin d’Eden où les gens vivent au plus près de la nature, de notre nature. Et, en plus, en les consommant, on participe au bonheur de ces familles qui veulent vivre dans leur pays .

Roland Reymondier
Conseiller en produits de nutrition