Jean Celle : l’esprit Macrobiotique

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERAC’est en 1971 que Jean Celle découvre quelque chose qui va bouleverser son existence :
• Une autre manière de s’alimenter qui invitait alors à :
• Une autre manière de vivre.
A cette époque, il travaille chez Air France. Il est chargé de veiller à la qualité des produits distribués dans les avions, à l’usage des passagers. Un jour, l’un d’eux, lui demande s’il serait possible d’avoir des plats « macrobiotiques » servis lors des vols.
« Macrobiotique », il n’en a jamais entendu parler.

C’est tout naturellement qu’il va se renseigner auprès d’un restaurant de renommée macrobiotique « Le Bol en Bois » à Paris et là tout un univers insoupçonné va lui être révélé….
Si le mot Macrobiotique est devenu familier pour beaucoup, il le doit en partie à la grande diffusion d’un ouvrage paru dans les années 1960, signé Georges Ohsawa :

« Le Zen Macrobiotique »

C’est une alimentation basée sur l’équilibre YIN YANG qui est proposée : cet état étant trouvé, la santé est rétablie.
Cependant, dès la parution, la pratique macrobiotique fait des remous d’abord aux Etats-Unis où les hippies de l’époque «se disent macrobiotes »….
Il va s’en dire que cette pratique cohabite avec la prise de LSD , marijuana et d’autres produits extrêmement dangereux à la santé.
Les nourrissons naissent dans des communautés d’union libre et l’on ne s’occupe pas très bien de leur développement si bien que cet esprit conduit au drame : il y a mort d’enfants.
Bien sûr, on n’accuse pas la négligence de la part des parents ; c’est cette manière de s’alimenter qu’on nomme macrobiotique qui est fautive…
Le mode d’alimentation macrobiotique faillit disparaitre à jamais dans un pays où le Maccarthysme avait fait de gros dégâts.

Michio Kushi, le fédérateur

Cependant, la personne qui apparaissait alors comme le digne successeur d’Ohsawa , Michio Kushi résidait dans ce pays ; il lui fallut beaucoup de courage et d’obstination pour continuer à diffuser les principes de base de cette alimentation saine, basée sur la médecine d’Extrême Orient.
Jean Celle, très tôt, entre en contact avec l’enseignement de Kushi et cela le conforte dans l’idée suivant laquelle il y a un trésor de santé inestimable dans la pratique macrobiotique.

Georges Ohsawa disparut en 1966 laissant derrière lui une œuvre considérable. Ce dernier était avant tout un philosophe oriental qui faisait reposer sa perception de l’Univers sur ce qu’il nommait Le Principe Unique.

Pour lui, nul doute, la Paix, l’Harmonie Universelle où ce qu’il nomme « Royaume des Cieux » commence au niveau cellulaire Il ne peut y avoir une santé spirituelle sans base physiologique. Ces mêmes bases reposent essentiellement sur une alimentation respectant l’Ordre de l’univers. Curieusement, cet art de vivre n’est pas sans rappeler ce que nous avons écrit sur les secrets d’une bonne longévité !

En Europe, à la fin des années 1960, on compte une poignée d’adeptes macrobiotiques tous proches de Georges Ohsawa. Ils diffusent certes les idées de ce dernier mais sur un mode extrêmement YANG ; pour eux, nul doute, il faut bannir le YIN.
S’il est concevable qu’une multitude de maux viennent d’un excès de Yin, qu’advient il quand c’est l’excès de Yang qui l’emporte ?
Là Kushi semble répondre de manière plus adéquate. Reconnaissons qu’Ohsawa le faisait tout autant mais il n’en était pas de même de ses successeurs français…

Jean Celle animateur d’un tout premier magazine des points de vente en diététique

Pendant quelques années, Jean Celle va animer un restaurant macrobiotique à Brive Charensac et cette expérience va lui permettre d’avoir une connaissance « de terrain » extraordinaire.
Cependant, sa voie est toute autre : il sait communiquer et il va le faire avec le magazine « Le compas » qu’il va reprendre au début des années 1980.
A cette époque, Bio Contact n’existe pas. Il n’y a rien pour les magasins de diététique. Jean Celle va créer un organe de communication pour la profession.
Mais, il va développer aussi une maison d’édition nommée KI avec de nombreux ouvrages traduits de l’anglais avec pour point d’ancrage l’enseignement de Michio Kushi, mais aussi des livres de cuisines, d’écologie et d’environnement soutenu en cela par son ami Claude Aubert (un des créateurs de Terre Vivante).

Milieu des années 1980, la macrobiotique connait une désaffection en France

Dans les années 1980, la Macrobiotique prend son essor surtout parce que Michio Kushi fait de nombreux séjours en Europe. Ainsi, c’est Jean Celle qui l’invite au Puy en Velay en 1978, réunissant autour de lui plusieurs centaines de personnes.
Partout des restaurants voient le jour et de très nombreuses personnes vont trouver force et santé par cette forme d’alimentation. (je peux en témoigner)

Cependant, paraphrasant Georges Ohsawa « Plus large est la face, plus large est le dos »

Roger Ikor, écrivain célèbre, devient « un chasseur de sectes » parce que son fils s’est suicidé après une pratique de l’alimentation macrobiotique. Pour lui, nul doute, c’est ce régime qui a engendré la mort de son fils. Cependant que peut-il dire de celles et ceux qui lui doivent la vie ?
Ce drame est repris par la presse à scandale et Roger Ikor mène une lutte sans merci à l’encontre de ce qu’il nomme La secte macrobiotique.

Insensiblement, le mot macrobiotique en France devient tabou.

Pendant toutes ces années, Jean Celle continue à diffuser les idées qui ont motivé sa vie. La macrobiotique n’a jamais été « une secte » parce qu’elle n’a pas d’adhérents et Jean le sait bien…lui qui écrit dans un numéro du Compas hors série :
NON CREDO NE RIEN CROIRE

La macrobiotique n’est ni une science ni une religion.

C’est la compréhension de l’Univers, de la vie, de nous même, qui conduit vers la Grande Vie. Pour cela, nous devons devenir « des hommes libres », libérés de l’esclavage envers nos connaissances reçues et de l’autorité de maîtres penseurs grâce à une compréhension vécue des choses de la vie.
Ne suivez pas aveuglément les grandes doctrines à la mode. Confrontez tout ce qui vient d’autrui avec votre propre bon sens. Mettez les théories à l’épreuve de la pratique. Développez votre intuition. C’est le chemin de la liberté et du vrai bonheur !

En fait, c’est quoi la Macrobiotique ?

Actuellement, les choses semblent changer. Si Madonna, à plus de 50 ans, est en parfaite forme, elle le doit à son régime macrobiotique. Il en est de même de la très belle actrice Gwyneth Paltrow qui trouve son énergie et sa forme grâce a la Macrobiotique. Maintenant, après avoir été taxée de secte, cette alimentation fait la une de la presse « people ». Pour le coup, la macrobiotique devient « tendance »….

Cependant, ce mode d’alimentation n’a jamais été « la propriété » d’Ohsawa, de Kushi, d’une secte quelconque ou d’une pratique de mode actuelle. De cela Jean Celle en a toujours été convaincu…

Basée sur l’équilibre Yin Yang de l’alimentation, la macrobiotique nous invite à nous éloigner des aliments extrêmes c’est-à-dire :
Extrême Yin : sucres, soda, alcool, pâtisseries, fruits tropicaux, tomates, aubergines, pommes de terre et tous les légumes très dilatés. Laitages
Extrême yang : viandes , en générale, rouges en particulier sel en excès, charcuteries

Cette pratique alimentaire doit nous pousser à faire connaissance avec tous les aliments traditionnels de l’humanité et plus particulièrement les céréales complètes.

Notre nourriture moderne est basée sur un équilibre à partir d’aliments riches ( viandes, produits laitiers, poissons, sucres, pâtisserie, alcools ). Elle engendre beaucoup de faiblesses et de maladies. La macrobiotique est basée sur un autre équilibre :
celui fait à partir d’aliments pauvres ( céréales complètes, légumineuses, légumes de saisons et préparation traditionnelle comme le miso). Il est source d’équilibre de force et de paix.

Un ami s’est trouvé à faire de la randonnée en Himalaya ; qu’elle ne fut pas sa surprise quand il constata que les sherpas qui l’accompagnaient se nourrissaient exclusivement d’un bol de riz accompagné de lentilles et cela suffisait pour toute la journée et pour toutes les dizaines de kilos de marchandises qu’ils portaient sur tout le périple…
Cela se faisait avec sourire et gratitude : c’est cela l’esprit macrobiotique

Manger pauvrement et simplement, c’est toujours l’esprit macrobiotique.

Enfin, Jean Celle ne nous démentira pas : mastiquez, prenez le temps de manger tranquillement…

La Macrobiotique, comme connaissance de soi

En fait pour Jean Celle qui a très vite rejoins son frère dans l’entreprise Celnat, la macrobiotique c’est la découverte de soi et du monde qui nous entoure.
Quand on voit l’intérêt que Jean Celle porte à Manasobu Fukuoka et sa méthode originale de culture biologique, on sait que c’est notre regard sur le monde qui nous entoure qui peut changer. A nouvelle consommation, nouvelle manière de cultiver…

Ainsi, l’agriculture naturelle est basée sur cinq facteurs importants :

Pas de labour, pas d’engrais, pas de sarclage, pas de pesticides et pas de taille

Selon Masanobu Fukuoka, la nature, dans son infinie complexité, fournit tous les outils nécessaires à une production agricole riche sans que l’homme ne soit obligé de faire quoi que ce soit de contraire au fonctionnement naturel des produits cultivés.

Ses observations et expériences sur des champs de riz et des vergers du sud du Japon ont montré selon lui qu’il parvenait à obtenir des rendements égaux ou supérieurs à ceux de l’agriculture moderne ou dite scientifique.

Pour Jean Celle, la macrobiotique a toujours été un art de vivre, une philosophie qu’il a su conserver dans les différentes entreprises dans lesquelles son esprit créatif a su s’adapter. Le compas, les éditions Ki, l’entreprise Celnat et quelques écrits sur Bio Contact voilà ce qui fait la richesse de sa vie qu’il consacre plus que jamais à la diffusion d’un art de vivre sain.

Roland Reymondier
Ecrivain, conseiller en produits de nutrition

Pour en savoir plus, sur Acteur-Nature :

Le miso et quelques autres merveilleux remèdes du Japon traditionnel