La conversion des grandes enseignes au Bio: Une bonne chose oui mais, pour qui ?

Photo Grande distribution – France Info – Leclerc et Carrefour sont au coude à coude pour prendre la première place de vendeurs bio de France. Fortement présents au salon Natexpo de Lyon, ils veulent redorer leur image de marque et revendiquer un positionnement qui au bas mot leur rapporte 1,3 milliard d’euros ! Vont suivre inéluctablement des enseignes comme

Auchan, Casino…Il y a aussi « Les Comptoirs de la BIO » mais eux, ils sont très malins : prise de participation d’Intermarché en permettant aux adhérents de monter à côté de leur enseigne un petit supermarché BIO. Ben voyons, ni vu, ni connu, ce sont des indépendants ! Sauf, qu’ils auront une centrale d’achat ultra performante à leur disposition !

Mais après s’être emparé du marché global de l’agro-alimentaire traditionnel avec les conséquences que l’on connait sur le monde rural (voir notre article), leur appétit féroce est en train d’avaler avec délectation une proie bien vulnérable celle de l’identité  » culture biologique ».

Le monde de la bio est international et c’est là tout le noeud du problème.

En France le label AB provient de l’Agence bio qui est gouvernementale. Le contrôle et la certification sont l’oeuvre d’organismes de certification privés. On en dénombre neuf dont le travail ne se limite pas nécessairement à certifier les produits bio, ils peuvent intervenir sur d’autres labels. Les contrôles sont précis et très rigoureux car être membres affiliés c’est convenir d’avoir des inspections rigoureuses et un cahier des charges très contraignants.

Qu’en est-il des produits importés ?

C’est là que plus rien ne va. Si le produit vient d’Europe, alors pas de problème. Les contrôles sont stricts, les certifications sont fiables et unifiées. En revanche rien ne va plus quand les produits, et ils sont légions, proviennent d’autres continents qui ont une vision assez aléatoire des principes même de la culture biologique et qui font usages de substances limites car ils n’ont pas des obligations d’une très grande rigueur.
Enfin, que penser de la bio d’Espagne, sous serre et qui n’a nullement les notions  » d’alimentation des sols » puisque cela ressemble curieusement à des légumes certes bio mais poussés hors sol ?

Carrefour chef de file de la bio ?

Alexandre Bompard, sous la houlette de monsieur Soury,  transforme Carrefour en champion de la transition alimentaire. Il faut bien rebondir à la suite des vagues de licenciements !

Il a fixé un objectif de 5 milliards de chiffre d’affaire pour 2022 et il veut mettre le paquet. Alors pour ce groupe comme pour celui d’Auchan et  de Leclerc, le marché ne doit plus seulement être entre les mains d’amateurs (étymologiquement parlant: ceux qui aiment le bio) mais entre les mains de vrais professionnels qui vont gérer cela avec efficacité et sans état d’âme !

Oui le mot est lâché, pas d’état d’âme, mais un pragmatisme qui flaire la bonne affaire, le gros lot !

Alors quand monsieur Soury à débarqué au salon Natexpo, entouré d’un bataillon de gens du groupe Carrefour, il est revenu dans sa terre d’origine. Là, auprès d’une majorité de petites entreprises artisanales de la bio, ils sont venus chercher les perles de la bio pour les convertir en produits de grande consommation, en quelque sorte vous « offrir » la bio pour tous !

Une bio édulcorée, une bio revue et corrigée, une bio internationale, une bio hors sol, une bio d’ici ou d’ailleurs ? Peu importe, pourvu qu’elle rapporte !

Au fait, vous saviez que la production française en bio n’est que de 3% ?

Alors faites le compte…  pour arriver au 5 milliards d’euros de chiffre, va-t-on valoriser nos paysans locaux, nos productions artisanales ou bien allons-nous faire avec d’autres filières bio, celles qui sont internationales ?

La réponse sera donnée par monsieur Soury au prochain Natexpo dont, qui sait, il sera peut-être encore une fois le président !

Acteur-Nature