De la passion au business…

Amidiététique (4)Photo magasin diététique* – L’histoire se passe au début des années 1980, la propolis vient de « débarquer » dans le monde de la diététique. Au salon Dietexpo (aujourd’hui salon professionnel Natexpo ) on ne parle plus que de ce nouveau complément alimentaire venant des Pays-Bas: l’incroyable propolis.
Dans tous les écrits qui sont antérieurs à ces années là, personne n’en parle. La propolis n’est citée

par aucun spécialiste de l’époque.
C’est notre ami Jean-Luc Darrigol, écrivain aux éditions Dangles, qui nous fait découvrir un homme original nommé Lund Aagaard. Il va mettre sous les «feux de la rampe» ce chercheur, car c’en est un. Il vient de mettre sur le marché un produit révolutionnaire qu’on nomme dès lors propolis.
Elle se décline sous une présentation sobre, en fait 3 formulations de propolis, nommées grande A, granuleret B et pulver C. Sous cette apparente simplicité se cachent des produits thérapeutiques aux incroyables vertus.

La propolis en première ligne

En quelques mois seulement, la propolis Aagaard devient un élément « phare » des traitements naturistes.
Le docteur Donadieu, grand spécialiste de l’apithérapie, se penche sur le produit pour en faire un agent thérapeutique connu à une échelle planétaire.

Cependant, n’oublions jamais que c’est Lund Aagaard qui génère cet engouement.
Un grossiste en diététique va permettre d’importer cette propolis venue des Pays-Bas, ainsi il va « alimenter » les boutiques diététiques.
Dans notre boutique, les gens ne juraient plus que par la propolis Aagaard. Il faut reconnaitre que les résultats étaient merveilleux.

Pourtant, un jour tout se gâte, ce n’est plus la propolis Aagaard qui nous est fournie mais une propolis française.
Le grossiste français auquel nous nous adressions nous l’affirme: il n’y a aucune différence, c’est bien le même produit, pourtant ce ne sont plus les mêmes résultats…

En fait, afin d’améliorer sa marge, ce grossiste fit appel à un apiculteur pour mettre au point « une copie » de la propolis Aagaard. Cependant, ce n’était qu’une pâle copie.
Certes, le produit s’avéra bien moins cher, mais les résultats ne furent jamais satisfaisants car la qualité était moindre.

Un nouveau « business » de la diététique venait de voir le jour et avec lui des produits sensiblement dévalués.

Un certain monsieur Perraut, propriétaire d’un magasin de diététique, prit alors contact directement avec Lund Aagaard. Il se charga de la distribution de ce produit unique et créa la société « La Source ».

Les clients de notre magasin qui s’étaient tous insensiblement détournés de la propolis furent enchantés de retrouver cette manne auquel Aagaard avait donné les noms de propolis grande A, granuleret B et Pulver C.
Nous avons donc fait l’impasse sur le grossiste et avons renoué avec la propolis des origines, celle de Lund Aagaard.

La démagogie des années 1990

Dans les années 1990, des « marchands du Temple » opportunistes s’en donnèrent à cœur joie et firent de l’argent. Ainsi, qui se souvient actuellement des bienfaits minceur de la cosse de haricot, de la tige d’ananas, de la christe marine et de bien d’autres produits dont on taira les noms car cela ne vous ferait pas rire du tout, si à cette époque vous en avez acheté.

Bien sûr, la rubrique «médecines douces» du supplément du journal du dimanche y était pour quelque chose, aidée par «l’aura» du pseudo naturopathe créateur et distributeur des produits cités. Il promit une beauté et minceur sans faille…même si le produit préconisé un temps ne l’était plus les semaines suivantes, remplacé par un autre tout aussi fantaisiste…

Que se passe-t-il actuellement ?

Les opportunistes des années antérieures ne sont plus les mêmes mais l’appât du gain au travers des produits médiocres est toujours là.

Ainsi, pour vous prouver la lente disparition de produits exceptionnels au profit d’autres, je vais me livrer à quelques affirmations auxquelles vous avez le loisir de répondre :

  • Qui parmi vous a entendu parler du POP, de la poudre de Robert Schindele, du Pianto doré, des prunes umébosis, de l’huile de Haarlem, de la propoline Aagaard, du NADH, des purs sucs de plantes, de la levure liquide cellulaire, du stabilium ,de la vitamine B 15, du charbon végétal etc, … ?
    Au demeurant tous des produits fiables et extrêmement efficaces depuis plusieurs décennies.
  • Et aussi, autre exemple, de l’huile de Haarleem qui est sur le marché depuis 400 ans.

Il faudra vraiment chercher sur internet ou autre pour avoir des informations sur eux car c’est chez les passionnés, hyperspécialistes de la diététique, que vous aurez la possibilité de les connaitre et surtout de les trouver… Ce sont des produits «éternels» et «intemporels» appréciés heureusement par beaucoup mais qui demandent un conseil personnalisé pour être connus par d’autres.

Les américains mènent le bal de la consommation

De nombreuses marques « made in USA » sont tout à la fois dans certains magasins de diététique, qui un temps leur ont assuré le succès, et sur la toile, souvent à des prix cassés. En un premier temps, cela semble bien fonctionner, mais en fait qui va dire au consommateur qu’elle est la bonne posologie du produit ? Car, pour des raisons « législatives », il y a des affirmations bien farfelues sur la présentation.

Et puis, quel produit prendre et pour quelle indication ?

Dans les produits distribués par tel ou tel fournisseur, il y a certes des produits exceptionnels mais qui va dire que telle vitamine, tel minéral n’est pas du tout adapté pour le consommateur, voire parfois nuisible?

La jeune génération, bien souvent, est accro à la culture internet et se fie essentiellement à ce qui est écrit de manière «téléguidée» par des informateurs extrêmement bien « aguerris » dans le domaine de la communication…

On en arrive à faire croire que l’huile de coco est une « panacée », ce qui de notre point de vue nuit considérablement à son utilisation somme toute bien utile.

Les multi vitamines et minéraux sont à l’honneur ainsi que des plantes nouvelles avec des indications qui le sont tout autant…

Le choix de l’internaute est «téléguidé» par le fait déjà que ce sont non pas les meilleurs produits qu’on propose mais ceux qui par des moyens financiers et de communication habiles «savent bien se placer sur Google»

D’autres temples de la consommation bio voient le jour

Actuellement la «bio» a le vent en poupe. Dès lors, ils sont nombreux ceux qui veulent profiter de la manne céleste de ce nouvel Eldorado.

De grandes surfaces voient le jour mais la taille implique que leurs propriétaires respectent les normes de rentabilité en GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), sous peine d’être distancés par leurs concurrents. C’est la loi du système. Un produit « tourne » moins, n’est pas très demandé, il est déréférencé.

On arrive à cette aberration qui fait que des aliments germés frais ne figurent plus sur les rayons. Il en est de même de produits lacto fermentés et de tellement de produits santé.

Quand, par le passé, des hommes et femmes « ouvraient » une boutique bio, leur seule et unique préoccupation était celle du bien être de tous. La démarche qui consiste à se contenter, pour satisfaire à la demande ambiante, de présenter un grand choix de produits labélisés bio, ce qui parait bien, mais  avec les méthodes des grands distributeurs, en oubliant l’éthique et la passion au profit de la rentabilité, n’a t-elle pas perverti ce commerce?

Certes, c’est très agréable d’avoir plus de choix mais avec le risque de faire disparaitre les « perles » élaborées par les pionniers pour la santé de chacun.

La profession est en grand danger car elle menace d’être« asphyxiée » par la consommation de masse qui sévit aussi dans notre réseau.

Je remercie Acteur-Nature qui a pris le pari de défendre contre vents et marées cette profession qui est garante de l’humain avec ce commerce à taille humaine… Ne cédons pas trop facilement aux sirènes de la grande consommation ou du soi-disant modernisme et, à l’image des nouvelles boutiques paysannes, entretenons et développons ce commerce de proximité cher à la cité.

Réflexion faite, il y a certainement plus d’avenir dans ce domaine que dans le grand commerce qui a montré ses graves limites, lacunes et méfaits. C’est un fait marquant que nous assistons actuellement au renouveau du commerce local, proche d’un commerce équitable s’intégrant parfaitement dans le développement durable.

Faites confiance à votre magasin conseil, aux produits rodés et aux qualités de terrain de celle et de celui qui en fait sa passion. Car, en fait, ce magasin a sa raison d’être dans ce qu’il est un lieu unique d’échange, de ressourcement, de proximité et le voir disparaître serait aussi grave que la disparition annoncée de ces espèces animales auxquelles nous sommes si attachés(sic).

Roland Reymondier
Conseiller en produits de nutrition et détaillant spécialisé

*Ce magnifique magasin a malheureusement aujourd’hui disparu à cause d’une concurrence agressive.