DOCTEUR TAL SCHALLER

DOCTEUR TAL SCHALLER

Le père de l’alimentation biogénique et de la santé naturelle (1934-2025)

Il nous a quittés le 21 novembre 2025, à l’âge de 91 ans. Christian Tal Schaller, que tout le monde appelait simplement « Tal », est parti rejoindre le soleil – ce soleil qui a donné son nom à ses éditions et qui a illuminé toute sa vie.

Sa disparition brutale a surpris ceux qui le connaissaient bien. Tal débordait encore d’énergie, de projets et d’humour. Beaucoup, dans les milieux alternatifs, s’interrogent sur les circonstances exactes de son départ. Ce qui est certain, c’est qu’il aura été jusqu’au bout un empêcheur de tourner en rond, un homme libre qui dérangeait par ses positions sans concession sur la santé, la médecine officielle et les dérives du monde moderne.

Je tiens aujourd’hui à lui rendre un hommage profondément personnel, car Tal a joué un rôle déterminant dans ma propre vie.

Ma rencontre avec le « Dr Christian Schaller »

Je l’ai connu en 1977, peu après avoir repris ma petite boutique bio. À l’époque, il signait encore « Dr Christian Schaller », médecin homéopathe réputé à Genève, et venait de créer la Fondation Soleil. Ce lieu était une véritable révolution : une sorte d’Esalen européen avant l’heure, avec quinze ans d’avance sur tout ce qui se faisait alors en France ou en Suisse romande en matière de santé naturelle, d’alimentation vivante, de développement personnel et de spiritualité.

La Fondation disposait même – chose inimaginable à l’époque – d’un restaurant bio et végétalien pour ses employés, alors que les mots « bio » et « vegan » n’existaient pratiquement pas dans le langage courant !

Un pionnier qui a payé le prix de l’avance

Tal a été un précurseur dans tant de domaines : médecine holistique, jeûne thérapeutique, respiration consciente, géobiologie, rire-thérapie, chamanisme contemporain… Et comme tous les vrais pionniers, il a souvent payé cher cette avance : critiques virulentes, moqueries, parfois ostracisme.

Ce qui m’a immédiatement séduit chez lui, c’est qu’il n’était pas un théoricien. Tal était un expérimentateur total. Il ne parlait jamais d’une pratique ou d’une idée qu’il n’ait d’abord longuement testée sur lui-même. Cette exigence d’expérience directe a profondément marqué ma propre démarche depuis plus de quarante-cinq ans.

Un jour, il m’avait regardé dans les yeux et m’avait dit, avec son sourire malicieux : « Toi et moi, on a la même intensité d’âme. » Je n’ai jamais oublié ces mots.

Les Éditions du Soleil : une bibliothèque hors norme… et un parrain discret

Très vite, Tal a créé sa propre maison d’édition afin de diffuser des savoirs qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. Grâce à lui, les francophones ont pu découvrir :

  • Les Évangiles esséniens de la Paix d’Edmond Bordeaux-Székely (qu’il était allé rencontrer personnellement au Costa Rica)
  • Le Guerrier pacifique de Dan Millman
  • Aimer, c’est se libérer de la peur de Gerald Jampolsky
  • Le Tao de la respiration naturelle de Dennis Lewis
  • Et tant d’autres pépites introuvables ailleurs…

Mais il y a une histoire que peu de gens connaissent et qui dit tout de l’humilité de Tal.

Au début des années 80, Rika Zaraï – alors au sommet de sa gloire – sortait d’années très douloureuses : un grave accident de voiture en 1969 qui lui avait brisé la colonne vertébrale, huit mois dans une coquille de plâtre, puis une dépression nerveuse en 1976. La médecine conventionnelle l’avait abandonnée. C’est grâce à Raymond Dextreit, aux cataplasmes d’argile, à une alimentation végétale et aux tisanes qu’elle avait lentement repris goût à la vie.

Un jour, elle entend parler d’un « docteur des Éditions Soleil », un médecin ouvert aux approches naturelles qui pourrait l’aider à aller plus loin… et surtout valider scientifiquement le livre qu’elle brûlait d’écrire. Elle prend son courage à deux mains et se rend à Genève.

Tal m’a raconté cette rencontre comme un moment magique : « Elle est arrivée avec un cœur complètement nu, sans chemise et sans pantalon », disait-il en riant – une expression qu’il affectionnait pour désigner une pureté et une authenticité totales. Entre eux, le courant est passé immédiatement. Pas de star-system, pas d’ego : juste deux êtres humains vrais, simples, passionnés par la même cause.

Tal a relu son manuscrit, l’a encouragé, l’a soutenu sans jamais chercher la lumière. Quand Ma médecine naturelle est sorti en 1985 et s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires, devenant le livre de santé alternatif le plus lu en France, pratiquement personne n’a su que Tal Schaller en avait été le parrain discret, le conseiller précieux, l’ange gardien dans l’ombre.

Cette histoire résume tout de l’homme : un géant qui n’a jamais eu besoin qu’on le sache géant.

L’alimentation biogénique : sa grande découverte

Dans les années 80, Tal ne cessait de parler des graines germées, des aliments crus fermentés, de l’importance des enzymes et de l’énergie vitale. Il avait découvert l’enseignement d’Edmond Bordeaux-Székely sur la vie biogénique des Esséniens – cet art de vivre qui considère que l’être humain peut se régénérer grâce à des aliments vivants, chargés de lumière et d’énergie cosmique.

En 1979, les Éditions du Soleil publiaient La Vie biogénique, puis en 1984 L’Incorrigible Optimiste, un condensé de l’autobiographie haute en couleur de Bordeaux-Székely. Ces livres ont littéralement changé la vie de milliers de personnes (la mienne comprise).

Un être de lumière déguisé en clown

Ceux qui n’ont vu en Tal qu’un « clown » ou un provocateur se trompent lourdement. Oui, il utilisait parfois l’humour le plus décalé, les déguisements les plus improbables, les happenings les plus fous… mais toujours pour faire passer un message profond : le rire est une thérapie puissante, la joie est une médecine, et la liberté de penser est sacrée.

Tal Schaller aura été tout à la la fois : médecin, chaman, écrivain, conférencier, éditeur, enseignant, guérisseur, farceur, visionnaire et ami.

Belle envolée dans la lumière solaire, cher Tal.
Du fond du cœur : merci pour tout ce que tu nous as transmis.