Octobre rose, octobre sobre ou mode de vie santé?

les-pompom-girls-de-baltimore-mobilisees-contre-le-cancer-du-sein-en-2012_5444343Photo L’Express – Un article de Danièle Starenkyj©2016 – La Tour Eiffel à Paris, les Chutes Niagara au Canada,…Ces emblèmes nationaux se sont illuminés en rose ! Mais oui, la campagne Octobre rose 2016 a battu son plein!
Courses pour la guérison, marches pour le cancer du sein, fêtes

à thèmes et journées roses au travail, un timbre Cancer du sein pour la recherche contre le cancer du sein – le tout premier ayant été rendu public par Hillary Clinton – la pièce Cancer du sein en argent – côté face avec le portrait de la Reine Élizabeth II et côté pile avec le Ruban Rose – et un grand nombre de partenaires commerciaux, tout cela permet, sans exagération, de parler d’une énorme industrie du « ruban rose ».

Étonnant, agaçant, choquant : une maladie dévastatrice verse dans le « glamour et les paillettes ». Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer « le travestissement du marketing de cause en opportunisme commercial ». Avec tant d’intérêt intéressé, le cancer du sein est devenu « joli, élégant, féminin » — (pourtant 1 % des cas sont masculins et certains hommes réclament maintenant une campagne un peu plus bleue) — et le discours dominant en est un d’énergie débordante et d’optimisme.

Les chiffres sont à nouveau lancés : une femme sur 8 (un homme sur 1000) souffrira du cancer du sein mais elle le vaincra grâce aux millions ramassés pour la recherche.

Le gastroentérologue français Étienne Dorval, devant le succès phénoménal de cette initiative, remarque que ce serait « mission impossible de trouver une entreprise qui va associer son image au dépistage du cancer colorectal ». Aujourd’hui tout, semble-t-il, doit être « tendance »…

Ainsi, pendant Octobre en rose, on va ramasser des fonds pour la recherche sur le cancer du sein. On parlera de dépistage, de mammographie, d’IRM, de traitements par chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, chimiothérapie, et de traitements ciblés (Bévacizumat, Lapatinib, Évérolimus) et aussi d’un nouveau médicament Perjeta (Laboratoire suisse Roche) offrant 16 mois de survie de plus, devant être combiné à l’Herceptin pour plus d’efficacité, au coût mensuel de 5900 $ pour le premier et de 5300 $ pour le deuxième.

Faut-il rappeler ici que cette campagne née en 1985, le fut à l’initiative des Laboratoires pharmaceutiques AstraZeneca, et qu’avec l’appui de la société cosmétique Estée Lauder, elle a pris de l’ampleur ? Depuis, Avon, Novartis, Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, Ford, BMW, Breakthrough Credit Cards, Samsung, National Football League, etc. ont emboîté le pas et arboré le ruban rose sur leurs produits et dans leurs publicités.

Recherche. Dépistage. Traitements nouveaux et anciens. Et la prévention dans tout ça ?

Une étude suisse parue dans l’International Journal of Cancer(1) en septembre 2016 affirme que les sels d’aluminium contenus dans 80 % des déodorants sont dangereux. Dans une expérience in vitro des cellules mammaires de souris exposées aux sels d’aluminium, puis réinjectées dans des souris, les ont amenées à développer des cancers des mamelles avec des tumeurs très agressives et des métastases. Le directeur de cette étude, A.P. Sappino affirme que la toxicité de ces sels ne fait plus aucun doute et qu’il faut « imposer un principe de précaution » et conseiller aux femmes (et aux hommes ?) de ne pas utiliser ces déodorants.

Déjà, cette étude soulève énormément d’opposition. Le commentaire de Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave Roussy (France) est sage. Parlant de l’émoi autour des antiperspirants et du cancer, elle affirme : « Si les femmes jettent leur déodorant et continuent à fumer, à boire, à être en surpoids, à prendre des traitements hormonaux… elles auront terriblement tort. » Elle ne peut pas avoir plus raison que ça.

Alors Octobre sobre, il faudrait s’y arrêter.

Une campagne de ce nom lutte en Angleterre contre le cancer, et une autre, de ce nom aussi – Ocsobre –, lutte au Québec contre les comportements de dépendance chez les jeunes. L’enjeu est d’arrêter de boire pendant tout le mois d’octobre pour les Anglais, et pour les Québécois d’arrêter un comportement que l’on sait nuire à la santé. Puis, encouragé par le succès d’une abstinence d’un mois, de tout simplement continuer vers la pleine liberté, et une santé physique, mais aussi mentale, et sociale retrouvée.

Mais allons plus loin encore :

À quand un Octobre rose qui sobrement va avoir l’audace, la liberté, l’honnêteté de mettre en avant les études récentes (2009 et plus) qui renforcent l’évidence d’UNE RELATION CAUSALE entre la consommation de boissons alcoolisées et le risque de cancer du sein, mais aussi de cancers des voies aérodigestives, du côlon-rectum, et du foie(2) ?

Parce qu’il faut qu’on se le dise : Il n’existe pas de niveau de consommation d’alcool qui soit sans risque pour la santé à court et à long terme. Et quand on est femme, et que l’on cesse d’accepter d’être la cible passive du marketing opportuniste, on ne prend plus de risque avec une substance classée dans la Catégorie 1 des substances cancérogènes pour les humains (Centre international de recherche sur le cancer (IARC).

La vérité est que l’alcool est toujours toxique, toujours addictogène, toujours cancérogène, toujours tératogène(3). Alors au nom de la vie, adoptons un mode de vie santé, et, pour commencer, cessons de lever un verre à la mort(4).

Danièle Starenkyj©2016
www.publicationsoron.com

1. Mandriata S.J., Tenan M., Ferrari P., Sappino A.-P., Aluminium chloride promotes tumorigenesis and metastasis in normal murine mammary gland epithelial cells, INT J CANCER, 7 septembre 2016.
2. Committee on carcinogenicity « Statement on consumption of alcoholic beverages and risk of cancer », www.gov.uk/government/publications/consumption-of-alcoholic-beverages-and-risk-of-cancer
3. Starenkyj D., LA SANTÉ TOTALE, « L’abstention raisonnée », Orion, 2009.
4. Starenkyj D., RÉFLEXIONS POUR UNE VIE MEILLEURE, Orion, 2015.