Les habits neufs de l’empereur

Photo YouTubeLes habits neufs de l’empereur©2017 Danièle Starenkyj – Dans ce conte de Hans Christian Andersen, classé dans le patrimoine culturel mondial, on entend le cri déchirant d’un enfant qui dévoile l’évidence et crève l’ignorance pluraliste : « Mais il ne porte pas d’habits ! » De qui s’agit-il ? D’un empereur qui ne se soucie que de sa garde-robe. De quoi s’agit-il ?

D’une escroquerie dans laquelle le monarque se fait dire par deux coquins qu’ils possèdent une étoffe aux propriétés étonnantes : les vêtements tissés avec cette fibre seraient invisibles aux yeux de ceux qui sont incompétents dans leur fonction ou qui sont tout simplement idiots.

Et voilà que, de l’empereur à ses sujets en passant par ses ministres et hauts fonctionnaires, tout le monde « voit » les vêtements invisibles… Parce que ne pas les voir confronterait chacun à l’angoissante question : Suis-je stupide ou suis-je inapte ? Et tous de s’extasier sur les admirables vêtements neufs de l’empereur qui, au jour fixé, en procession solennelle, parade… nu. Un enfant, le seul dans tout le royaume, a la spontanéité d’oser dire l’évidence – ce qui se voit et s’impose de soi-même. Dans un cri irrépressible, l’imposture est renversée.

N’est-il pas surprenant qu’il faille du courage et de l’audace pour dire ce qui se voit et que tout le monde voit, pour dénoncer ce qui est d’« une criante évidence », pour révéler les choses telles qu’elles sont objectivement dans le monde ?

Aujourd’hui, les sciences sociales ont largement adopté l’hypothèse selon laquelle « il n’existe tout simplement pas de « monde réel » à propos duquel on pourrait être objectif ». N’est-il pas urgent maintenant de questionner le « consensus remarquable » qui s’est peu à peu installé autour du « constructivisme de la connaissance1 » ? Un tel parti pris est-il valide ? Vraiment, la connaissance est entièrement construite – entendons que chacun en fait ce qu’il veut, ce qu’Il en ressent ?

Faut-il abandonner, railler, combattre, punir les concepts millénaires de vérité, de réalité, de connaissance, et les notions générales d’objectivité et de raison ?

Le 28 août 2015 la revue SCIENCE publiait une étude2 qui évaluait la reproductibilité des sciences psychologiques. Cette étude cherchait à répliquer les résultats obtenus par près d’une centaine d’études publiées dans trois revues majeures en psychologie. Les 270 membres de l’équipe Open Science Collaboration ont clairement rapporté que « sur les 97 articles qui avaient conclu à un résultat statistiquement significatif, seules 36 ont trouvé de nouveau ce résultat dans leur réplication ». Et un auteur de poser la question qui crève le ballon de l’assurance orgueilleuse : « Doit-on conclure que les procédures de la science – en psychologie – n’ont pas plus de substance que les habits neufs de l’empereur ? »

Suite à cette question pertinente, paraissait le sous- titre explicatif : Processus de publication biaisé…©2017 Danièle Starenkyj Nous reviendrons là-dessus dans une prochaine publication.

Danièle Starenkyj
Publications Orion

https://www.facebook.com/danielestarenkyj/

Références bibliographiques:

  1. Paul Boghossian, LA PEUR DU SAVOIR. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, Banc d’essais, 2009.
  2. Aarts A.A., Anderson J.E., et coll., Estimating the reproducibility of psychological science, SCIENCE, Vol. 349, Issue 6251, 28 août 2015.