OGM : Les organismes sanitaires pointent les lacunes de l’étude Séralini

L’étude de Gilles Eric Séralini sur la toxicité des OGM n’en finit pas de faire parler d’elle. Les avis du Haut conseil des biotechnologies (HCB) et de l’Anses mettront-ils un point final ? Les deux autorités ont réfuté les conclusions des travaux du professeur tout en demandant d’autres études indépendantes de long terme.
Saisies le 24 septembre par les ministères de l’Ecologie, de l’Agriculture, de la Santé et de la Consommation pour leur avis sur l’étude de Gilles Eric  Séralini...(article de Béatrice Héraud-site Novethic du 24 10 2012)

(« Une étude choc révèle les effets sanitaires des OGM »), le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) et l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) ont rendu publiques leur conclusions le 22 octobre. Comme celles de l’EFSA et de leurs confrères danois, allemands et néerlandais, elles ne sont pas en faveur de l’étude publiée dans la revue scientifique « Food and chemicaltoxicology » qui suscite depuis sa parution une multitude de critiques (« Attaques et contrefeux »).

Une étude avec des lacunes mais qui reste originaleLe HCB note que « le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées ». Cependant, pour répondre aux interrogations de la société, le Comité économique, éthique et social du HCB recommande qu’une étude de long terme, indépendante, contradictoire et transparente, soit entreprise sous l’égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603.Même son de cloche à l’Anses, pour qui les « conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données de ses publications ». Résultat : les évaluations précédentes du maïs OGM NK603 et du Roundup  ne sont pas remise en cause, conclut l’organisme de sécurité sanitaire dont le groupe d’expertise collective d’urgence (GECU) a auditionné le professeur Gilles-Eric Séralini, mais aussi François Veillerette (Génération futures) et examiné une contribution écrite de Monsanto (qui n’a pas souhaité d’entretien oral). Cependant, l’Anses est allée plus loin et a cherché à comparer l’étude avec celles de long terme existantes sur les produits phytosanitaire et les OGM. Comme elle le reconnait elle-même, le sujet a jusqu’ici été « peu étudié ». C’est un euphémisme. Les deux recherches sur 90 jours existantes sur les OGM, une italienne et une japonaise, ne concernaient d’ailleurs pas du maïs sinon du soja et avaient des objectifs différents. L’Anses, qui reconnaît le caractère « original et ambitieux » de l’étude de Séralini, recommande donc d’engager des études et recherches sur la question des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques avec des financements publics et sur la base de protocoles d’investigation précis. Pour ce faire, elle appelle à la mobilisation de financements publics, nationaux ou européens, à la manière du « National Toxicology program » américain.

Les deux avis des organismes publics et le rapport de la mission parlementaire d’information sur les pesticides (voir ci-dessous)), le Premier Ministre a chargé les ministres compétents de « de porter au niveau européen la demande du gouvernement d’une remise à plat du dispositif communautaire d’évaluation, d’autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides ». Pour le reste, c’est le statu quo : maintien des autorisations accordées au maïs NK603 et à l’herbicide Roundup, et maintien du moratoire des OGM autorisés à la culture dans l’Union Européenne.

Béatrice Héraud
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La mission d’information sur les pesticides a rendu ses conclusions
Alertée sur les dangers des pesticides par Paul François, le céréalier qui avait obtenu la condamnation de Monsanto pour intoxication aux pesticides, la sénatrice Nicole Bonnefoy (PS) avait lancé il y a 7 mois une mission parlementaire d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé. Après l’audition de 205 personnes, elle a présenté son rapport le 23 octobre. Ses conclusions sont sévères : les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués, le suivi des produits après leur mise sur le marché n’est qu’imparfaitement assuré au regard de leurs impacts sanitaires réel, les effets des perturbateurs endocriniens sont mal pris en compte, les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des dangers et des risques et enfin, les pratiques industrielles, agricoles et commerciales actuelles n’intègrent pas toujours suffisamment la préoccupation de l’innocuité pour la santé du recours aux pesticides. La mission recommande notamment le renforcement de la toxico-vigilance et la possibilité de pouvoir mener, après 5 ans de mise sur le marché d’un pesticide des études complémentaire en cas de remontée d’effets sanitaires. Elle insiste aussi pour obtenir la publicité des études sur la santé pré et post-autorisation de mise sur le marché.

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