Dysbiose intestinale : toute une histoire…(2ème partie)

220px-EscherichiaColi_NIAIDPhoto bactérie Escherichia coli-Wikipédia – Notre intestin est le même que celui de nos ancêtres mais cependant il a du s’adapter à toutes les évolutions de l’alimentation humaine. La pire des évolutions étant sans doute cette production d’aliments transformés industriellement…
Au fur et à mesure de ces évolutions technologiques, qu’on pourrait

dénommer « involutions » sanitaires, de trop nombreuses bactéries ont disparu de notre intestin et à cause d’une alimentation « stérile », n’y sont plus présentes.

L’impasse de la doctrine Pasteurienne

Le 28 février de cette année, le journal allemand Franckfurter Allgemeine a pour la première fois publié la liste d’une douzaine de bactéries pour lesquelles il n’y a pas de nouveaux médicaments. Cette liste présente donc ces 12 sortes de bactéries comme les plus dangereuses pour l’homme.

C’est pour nous actuellement une impasse, celle qu’avaient initié deux microbiologistes renommés : Louis Pasteur et Robert Koch. Ceux-ci défendaient l’idée suivant laquelle « les tissus en bonne santé sont stériles donc sans germe », et ils affirmaient qu’on ne pouvait trouver des bactéries dans un corps sain.

Les théories de Pasteur largement dépassées et pourtant …

Dans leur livre « La folie des virus », le Docteur Claus Köhnlein et le journaliste économiste Torsten Engelbrecht ont fait des recherches détaillées sur Pasteur et Koch. Ils écrivent qu’il y a longtemps que la théorie de Pasteur a été réfutée car dans toutes les expériences sur des animaux, les animaux dans un milieu stérile mouraient après quelques jours. En plus de cela, des recherches actuelles montrent que les bactéries sont essentielles pour la vie humaine.
Un travail de recherche de 2004, qui a été publié dans la revue spécialisée intitulée « Nature Biotechnology », a montré que des chercheurs ont trouvé à peu près 100 billions de bactéries et de champignons rien que dans l’appareil digestif humain.

Le Professeur Jeremy Nicholson, qui est responsable de ce travail de recherche, a résumé cela en affirmant que l’homme peut être considéré comme un écosystème en soi dirigé par des micro-organismes.

Y aurait-il quand même des bactéries présentant de plus grands dangers pour la santé humaine comme cela a été dogmatisé par l’OMS et l’industrie pharmaceutique ?

A la question : Jusqu’à quel point les bactéries sont-elles dangereuses pour l’homme, Köhnlein et Engelbrecht répondent de la manière suivante :
« On devrait juste penser au fait que sans les bactéries la vie humaine ne serait pas possible. Tout dans la nature, que ce soit au sujet des cellules ou du corps, tout se passe dans un équilibre. Les bactéries ne vivent pas isolées dans une atmosphère libre mais toujours dans un ensemble de cellules et de tissus. »

Dans les maladies, les microbes ont bon dos

A la question : Pourquoi pourrait-on prouver que beaucoup de maladies sont dues à des bactéries prétendues « dangereuses », Köhnlein et Engelbrecht répondent par la question de ce qui vient en premier : Est-ce la bactérie ou est-ce le milieu de culture ? La réponse serait toujours que c’est l’environnement qui fait que les microbes se développent.

Cela expliquerait aussi pourquoi tellement de bactéries prétendument dangereuses (les streptocoques par exemple) se trouveraient sur la peau mais ne feraient aucun dégât. Les bactéries ne deviendraient dangereuses que quand elles se trouvent dans un milieu de culture favorable et se reproduisent ainsi de façon déséquilibrée ; c’est pourquoi c’est le milieu dans lequel se trouvent les bactéries qui les fait se développer.

Les bactéries ne créent pas directement de maladies chez l’homme ; ce serait plutôt lié à un déséquilibre comme par exemple quand un système immunitaire affaibli laisse les bactéries se développer. Un déséquilibre corporel serait créé surtout par un manque de vitamines, de minéraux ou d’activité physique mais aussi par la consommation de drogues, l’abus d’alcool ou un excès de sucre. C’est seulement à cause des conditions défavorables que des bactéries en fait inoffensives deviendraient dangereuses.

Actuellement, l’industrie pharmaceutique n’a aucun intérêt à réfuter l’enseignement, du moins le dogme pasteurien sur les prétendues bactéries dangereuses puisque pour elle le microbe est tout… le terrain n’est rien.

Metchnikoff, un précurseur pas totalement « pasteurisé »

Il y a à peu près 100 ans, Pasteur était convaincu que la flore intestinale était néfaste pour la santé de l’homme. Il était donc partisan de la résection totale du côlon.

Le savant de l’institut Pasteur Metchnikoff, prix Nobel de physiologie, se rendit non seulement célèbre pour ses travaux sur l’immunité dont le phénomène de phagocytose mais aussi sur la découverte des premiers probiotiques. A l’époque, la star admirée était microscopique et s’appelait bacille bulgaricus qui tout en produisant de l’acide lactique comme cela se passe dans le lait caillé et le yogourt bulgare servait d’après lui à prolonger la vie.

A cette époque un fantôme effrayant sévissait dont l’allégorie aurait pu s’appeler « la mort rôde dans l’intestin ». Ce cri était-il faux ? En fait cette piste ne fut pas suivie.
Cela vint du fait que Metchnikoff ne put prouver qu’il fut possible d’augmenter l’espérance de vie, comme cela pouvait s’observer chez les peuples des Balkans. L’aspect non conformiste de ses découvertes, qui plaçaient les populations « archaïques » comme celles qui détiendraient le secret d’une longévité, que les peuples dits « évolués » détenteurs d’une batterie de vaccins et de médicaments chimiques n’auraient pas, aurait-il été ce frein ?

Le parti pris de penser que les microbes étaient sources de maladies était à ce point si important que même Metchnikoff entrevoyait le fait que tout l’appareil digestif à ses yeux risquait de devenir un élément perturbateur dangereux par le phénomène d’auto-intoxication de l’intestin. C’est lui qui le premier apprit à différencier les rôles des bonnes et des mauvaises populations bactériennes.

Metchnikoff disparut et avec lui l’hypothèse d’une santé retrouvée par l’intestin.

Une redécouverte récente du rôle des bactéries vitales de l’intestin

A la fréquente question : pourquoi chercheurs et médecins n’ont pas pris conscience plus tôt de l’importance du microbiote, beaucoup affirment que le retard conceptuel s’explique par des difficultés technologiques. Nous, et d’autres comme nous, pensons que ce sont les intérêts des groupes pharmaceutiques qui sont la cause de ce retard mais, heureusement, on est en train de passer outre !

Le microbiote intestinal est unique et propre à chacun de nous, même s’il comporte une grande diversité. Deux grands groupes bactériens dominent : les firmicutes et les bactéroïdes. Les deux tiers des espèces intestinales dominantes qu’héberge chaque individu adulte, lui sont totalement spécifiques, le tiers restant étant plus ou moins partagé selon les individus. Ces populations sont acquises au cours de la vie. Le nouveau-né naît stérile, sa condition in utero.
Son intestin est colonisé de façon rapide et massive par un microbiote relativement simple qui dépendra d’ailleurs de l’accouchement par voie naturelle ou césarienne.
L’environnement, le type d’alimentation, lactée en particulier dans le premier âge, et l’antibiothérapie influenceront par la suite sa composition.

Le microbiote a deux principales fonctions : la dégradation par les bactéries des aliments que leur hôte ne peut digérer, contribuant à lui fournir de l’énergie, notamment en dégradant l’amidon et les fibres végétales, et des vitamines ; le développement des systèmes de reconnaissance du système immunitaire, posant le problème de sa tolérance, modifiant le concept du soi et du non-soi, pour l’adapter à la reconnaissance des signaux du danger.

Au-delà de son rôle en physiologie, l’étude d’un certain nombre de pathologies dites non transmissibles révèle que le microbiote est sans doute responsable, au moins pour une part, de leur apparition. Obésité, cancer, troubles du comportement, mais aussi affections allergiques, inflammatoires et auto-immunes, sont autant de pathologies sous les feux de la rampe pour déceler l’origine de leur survenue ou de leur aggravation à travers l’étude des germes commensaux. La symbiose est aujourd’hui mise en cause dans nombre de maladies, sans doute parce qu’il existe des conditions particulières de l’hôte pour que les microbes qui vivent en nous deviennent pathogènes..

Ces pathologies questionnent toutes le rôle des bactéries, de l’inflammation et de l’activation du système immunitaire, et des facteurs pouvant moduler leur fonction et composition, comme l’alimentation et l’hygiène. Au-delà d’une simple caractérisation de modification des flores intestinales dans diverses situations pathologiques, il s’agit de dépasser de simples corrélations pour comprendre l’influence de la dysbiose et des métabolites, qui pourraient en être responsables. En même temps que l’étude des interactions normales et pathologiques entre l’homme et ses bactéries commensales, de nombreuses recherches agro-alimentaires se poursuivent aujourd’hui pour trouver les aliments du futur qui nourriront nos bactéries et influenceront leur distribution.

Probiotiques, prébiotiques, xénobiotiques, transplantations fécales sont également autant de moyens pour modifier notre microbiote et ainsi, possiblement, prévenir ou guérir les pathologies dont il pourrait être responsable.

L’alimentation en première ligne pour les désordres

Notre société est friande de protéines: la population française en consomme en moyenne 1,7 fois plus que ce qui est recommandé.

D’autant plus qu’on recommande une consommation de protéines encore plus importante pour certains individus comme les athlètes en quête de performances (voir sport intensif ci-après*) ou les personnes âgées qui luttent contre la perte de masse musculaire.
Enfin, les régimes amincissants hyperprotéinés restent en vogue, malgré les mises en garde répétées.

Mais alors, quel est l’impact sur l’intestin de cette consommation de protéines au-delà des besoins ?

C’est la question que se sont posés des chercheurs de l’Inra. Ils ont montré qu’une partie des protéines en excès n’est pas digérée ni assimilée. Lorsqu’elles passent par le côlon, elles sont dégradées par les bactéries du microbiote.
Or, cette dégradation produit des molécules (telles que le sulfure d’hydrogène et le p-cresol) qui sont toxiques pour les cellules de la muqueuse intestinale et peuvent même modifier leur ADN.

Ces composés, en passant dans la circulation sanguine, peuvent aussi avoir un impact négatif sur certains organes tels que le rein.
Partant de ces travaux, les chercheurs espèrent pouvoir affiner les recommandations alimentaires pour certaines populations afin que les bénéfices d’un régime riche en protéines restent supérieurs aux risques.

*Le sport intensif, cause de HPI (Haute Perméabilité Intestinale)

Lors de sport intensif, le sang se déplace vers les muscles, l’intestin est donc très mal perfusé ; Il s’ensuit une ischémie intestinale. L’ischémie est la diminution du débit circulatoire et de l’apport sanguin à un organe.

L’ischémie entraine une diminution de l’apport d’oxygène et de substrats nutritifs aux cellules.

Les conséquences en sont une souffrance des cellules : une  modification de l’architecture des cellules et des modifications de leur fonctionnement .

A l’arrêt de l’effort physique, le sang retourne vers l’intestin, acidifié, oxydé et  chargé en radicaux libres, ce qui détruit les jonctions serrées, et augmente l’HPI

Après 30 mn d’efforts intensifs , l’HPI augmente de façon proportionnelle à l’intensité des efforts .( références 1 et 2).

Conseils

  • Prendre des boissons alcalinisantes, riches en bicarbonates, ou de l’Aloe Vera qui est alcalinisant, reminéralisant et antioxydant .
  • Eviter de pratiquer le sport intensif et de compétition, car l’organisme s’use et vieillit de façon prématurée.

Références.

1.Pals KL, ChangRT, and all. Effects of running intensity on intestinal permeability . J App Physio (1997; 82(2):571-576.

2.Oktedalen and all. Changes in the gastrointestinal mucosa after long-distance running. Scand J Gastroenterol 1992; 27(4):270-274. 

  Docteur Elisabeth Piquard

Un régime sans gluten : une source de risque

Il y a, d’une part, les personnes atteintes de la maladie cœliaque, dont l’intolérance au gluten est avérée, et d’autre part, des milliers de personnes qui se déclarent intolérantes aux protéines du blé. Des chercheurs de l’Inra se sont penchés sur le microbiote de ces consommateurs qui se détournent du pain et des pâtes.

Tout d’abord, ils ont remarqué que les personnes au régime sans gluten présentent un sérieux déséquilibre du microbiote.

Les populations de bactéries bénéfiques (bifidobactéries, lactobacilles) chutent de façon dramatique. En effet, le gluten constitue l’un de leurs aliments habituels. Ce régime réduit aussi les apports en fibres, qui, elles aussi, nourrissent le microbiote. Résultat de cette dysbiose*: une modification de la production d’acides gras à courte chaîne (AGCC), dont les effets bénéfiques sur le système immunitaire et cardiovasculaire sont bien connus. Le régime sans gluten n’est donc pas sans conséquences.(Source étude le L’INRA). On lira aussi avec profit ce dossier produit par L’INRA: http://prodinra.inra.fr/ft?id=5097ACE1-8C67-4953-828D-5D61D51341EC

Mais alors, pourquoi ces personnes affirment-elles se sentir mieux?

Est-ce réellement la suppression du gluten ? Ou est-ce qu’en diminuant l’apport en fibres, elles réduisent aussi certains symptômes liés à la digestion ? La question reste ouverte, dans l’attente de nouveaux résultats…. Cependant, le régime sans gluten il faut l’affirmer n’a jamais été celui des partisans de l’alimentation saine et équilibrée… c’est dans bien des cas un phénomène de mode et son adoption n’est de rigueur que pour les malades ceoliaques…
A voir : https://blogcpbx.wixsite.com/lemicrobiote/alimentation
Mais aussi : http://www.francetvinfo.fr/economie/tendances/le-regime-sans-gluten-dangereux-pour-la-sante_1286511.html

Une petite merveille : les fibres alimentaires d’une alimentation céréalienne

Le côlon ou gros intestin est la partie terminale de notre tube digestif qui est essentiellement dédiée à l’absorption d’eau mais qui se charge aussi de dégrader les composés alimentaires qui n’ont pas été digérés et absorbés en amont dans l’estomac et dans l’intestin grêle. Ce compartiment digestif est très dense en microorganismes et ce sont eux (et non pas nos propres enzymes) qui métabolisent les résidus alimentaires. En effet, une des principales fonctions de cette communauté microbienne colique, le microbiote colique, est de dégrader puis fermenter les fibres alimentaires.

Les fibres alimentaires sont des glucides plus ou moins complexes (cellulose, hémicelluloses, pectines, amidon résistant…) présentes dans les fruits, les légumes ou les céréales que nous consommons. L’apport de fibres dans notre alimentation a des effets bénéfiques sur notre santé et ces effets sont en grande partie dus à l’activité des microorganismes que nous hébergeons dans notre tube digestif.

 

Enfin, j’aimerai vous inviter à voir et écouter surtout cette vidéo réalisée par le Dr JP Curtay semblant légitimer l’alimentation végétarienne en montrant combien la dégradation des protéines animales peut être source de dysbiose intestinale et entrainer donc un foyer inflammatoire.

Roland Reymondier
Conseiller en produits de nutrition

Rappel: Dysbiose et perméabilité intestinale-1ère partie: la digestion, une vraie alchimie

Le sujet étant fort complexe, on lira ou relira avec profit nos articles sur le sujet du gluten: