Le café : une boisson stimulante à mieux connaître

Ethiopie-300x226Café Ethiopie voyages équitables Yumalink – Un article de Gilles Corjon. Issu du caféier ( Coffea arabica) un arbuste sans doute originaire d’Arabie et d’Abyssinie, le café est de nos jours une boisson universellement connue et appréciée pour son arôme dans le monde entier. Les Vénitiens qui pratiquaient

le commerce avec le Moyen-Orient, introduisirent le café en Europe dès le XVIIème siècle. En France, il faudra attendre le XVIIIème siècle pour voir son usage se répandre, car les médecins de l’époque l’accusèrent de tous les maux dont celui de rendre les hommes impuissants! De nos jours, le café est un véritable fait de société mais ce breuvage « noir comme le diable » traîne encore avec lui une mauvaise réputation en matière de santé. On l’accuse le plus souvent de favoriser l’apparition de palpitations cardiaques, de manifestations anxieuses, de troubles du sommeil, d’agitation, de maux de tête ou même de comportements agressifs.

Dans l’immense majorité des cas, ces effets indésirables sont la conséquence d’une consommation excessive de café qui apparaissent selon les individus au delà de 4 à 6 tasses de café par jour.
La plupart de ces effets indésirables sont attribués à la présence de caféine, l’un des composants naturels du café que l’on retrouve dans d’autres plantes à des teneurs variables comme le thé, la guarana, le maté ou la noix de kola.

Il est important de savoir que les effets de la caféine dépendent d’un certain nombre de facteurs comme l’âge, la condition physique, les habitudes en matière de boissons et de tabac et la vitesse avec laquelle l’organisme élimine la caféine. Ainsi, ce processus d’élimination est plus rapide chez les gros consommateurs de café que chez les buveurs occasionnels.

D’autre part, la teneur en caféine d’une tasse de café est très variable selon l’origine et la composition du mélange (variété robusta ou arabica), la méthode de préparation et la force de la boisson préparée. On estime que la teneur moyenne en caféine est d’environ 80mg par tasse. A poids égal, le thé contient plus de caféine que le café mais on en utilise une moindre quantité pour préparer une tasse de thé. De nombreux sodas et surtout certaines boissons énergisantes destinées à un public jeune contiennent des quantités dépassant parfois les 400mg/l.

Comment la caféine agit au niveau du cerveau ?

La caféine exerce un effet antagoniste au niveau des récepteurs de l’adénosine, un neurotransmetteur dont les effets principaux sont une action inhibitrice de la neurotransmission excitatrice.

Ainsi les principaux effets de la caféine sur le cerveau peuvent être résumés ainsi :

  • La caféine accroît la vigilance et réduit la sensation de fatigue à des doses comprises entre 100 et 400mg. La consommation d’une demi-tasse de café avant de prendre le volant la nuit, réduit de manière significative les risques d’accidents de la route.
  • La caféine modifie la qualité du sommeil : elle augmente la latence d’endormissement, la durée totale du sommeil et le temps de sommeil léger au détriment du sommeil profond. La qualité du sommeil dépend surtout de la quantité de caféine absorbée au cours de la journée plutôt que de la seule prise juste avant l’heure du coucher. Compte tenu de l’aptitude plus grande à éliminer la caféine, les effets de la caféine sur le sommeil sont moins marqués chez les consommateurs réguliers de café que chez les buveurs occasionnels.
  • La caféine facilite les fonctions cognitives lorsque la consommation de café est modérée (moins de 4 tasses par jour)
  • La caféine améliore la concentration et la capacité d’encodage des informations en particulier dans les conditions de vigilance réduite.

Le café a une incidence favorable sur le diabète et les maladies cardiovasculaires

Selon plusieurs études, la consommation de plus de 3 à 7 tasses de café par jour diminuerait le risque de développer un diabète de type II qui se caractérise par un phénomène d’insulinorésistance et par une hyperinsulinémie compensatoire. Les chercheurs pensent que cet effet pourrait être expliqué par certains composants à caractère anti-oxydant du café comme les minéraux et surtout l’acide chlorogénique, un acide phénol qui réduit l’inflammation et qui participe à réduire l’accumulation des graisses au niveau hépatique. Au final, les études suggèrent qu’une consommation moyenne de café de l’ordre de 3 à 4 tasses par jour pourrait réduire le risque de plusieurs maladies chroniques à caractère inflammatoire tel que le diabète de type II, les maladies cardiovasculaires ou l’obésité.

Même si l’élévation durable de la pression artérielle est bien corrélée à l’absorption de la caféine à court terme, elle n’apparaît que comme très minime dans le cas d’une consommation régulière et modérée de café qui contient d’autres composants anti-oxydants qui ont un rôle favorable sur la survenue d’accidents cardiovasculaires. Une étude récente de la Heart Rythm Society ( 2015) n’a pas pu démontrer l’existence d’un lien entre l’absorption de la caféine et l’apparition d’extrasystoles contrairement aux recommandations médicales admises jusqu’à ce jour.

Le café a une incidence favorable sur le cancer

Contrairement à une opinion qui suggérait une éventuelle corrélation entre la consommation de café et le cancer, les résultats de plusieurs études conduites à ce sujet tendent à démontrer le contraire. Ces recherches révèlent que l’acide chlorogénique du café pourrait être responsable des effets positifs constatés dans la prévention du risque de cancer du colon et du rectum, mais d’autres composants du café, comme certains lipides, ont sans doute un effet antimutagène.

Le café a une incidence favorable sur la dépression

Plusieurs études ont confirmé que les risques de dépression étaient réduits de manière dose-dépendante chez les consommateurs de café en raison d’un effet positif sur l’humeur mais on ne connaît pas précisément les mécanismes d’action. A court terme, il est probable que le café interfère avec le métabolisme de plusieurs neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine mais à long terme, les propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires du café seraient plus en rapport avec un mécanisme neuroprotecteur, ce que semblent confirmer les études qui tendent à démontrer que les buveurs de café réguliers ont une fréquence moindre de maladie de Parkinson…

Le café soulage les migraines et les céphalées

La caféine est connue pour son action vasodilatatrice au niveau de la circulation sanguine générale sauf au niveau cérébral où elle exerce plutôt une vasoconstriction favorisant une diminution de l’intensité et de la durée des crises migraineuses. D’autre part, la caféine exerce également une action analgésique qui potentialise l’action des médicaments analgésiques comme l’aspirine ou le paracétamol. Cependant, une surconsommation peut au contraire aggraver le développement des céphalées et des migraines.

Au final, l’habitude du café pris après le repas est associée à un instant de plaisir qui est largement entretenu par les annonces publicitaires provenant des producteurs et des distributeurs de café. Cette boisson peu calorique apporte t’elle un réel bénéfice en terme de santé ? Il est difficile de trancher définitivement sur ce sujet mais la plupart des études scientifiques récentes soulignent davantage les effets positifs que les effets négatifs en raison surtout de ses propriétés anti-oxydantes. Cependant, il faut garder à l’esprit que la plupart de ses effets bénéfiques sont liés à une consommation régulière mais modérée ….A méditer et à déguster.

LE SAVIEZ VOUS?

• la caféine séjourne plus longtemps dans l’organisme des femmes enceintes que dans celui des autres adultes, il faut donc réduire sa consommation pendant cette période.
• la consommation régulière de café peut engendrer une certaine accoutumance mais pas une réelle dépendance car la caféine n’active pas le circuit cérébral de dépendance comme le font la plupart des drogues psycho actives (cocaïne, amphétamine…)
• le café que l’on fait bouillir ou reposer longuement (café turc, cafetière à piston…) contient davantage de cafestol et de kahweol qui ont la propriété d’augmenter légèrement le taux de cholestérol sanguin.
• les doses de caféine:
une faible consommation < 200 mg de caféine par jour – une consommation modérée 200 à 400 mg de caféine par jour (soit 2 à 4 tasses) –  une consommation forte ou excessive > 400mg de caféine par jour

Gilles Corjon
Docteur en pharmacie, herboriste