Diabète : lorsque l’insuline fait de la résistance

20925Photo livre Jean-Luc Darrigol – Dans les années 1950, deux chercheurs américains, les docteurs Mertz et Schwarz, ont mis en évidence le fait qu’une substance trouvée dans la levure de bière améliorait nettement la transformation du sucre chez les rats diabétiques. Ils lui donnèrent le nom de «facteur de tolérance au glucose soit GTF ».
Puis, 10 ans plus tard, ces deux même chercheurs identifièrent le chrome comme composant de ce fameux GTF. En effet, tous les rats ayant une alimentation pauvre en chrome développèrent des symptômes diabétiques.

Un apport en chrome permettait d’améliorer considérablement leur métabolisme.

C’est seulement en 1975, que des carences furent constatées chez les humains. Ces dernières furent effacées par un apport de chrome organique.
Le GTF a une structure complexe dans laquelle l’acide aminé détoxicant glutathion joue un rôle très important. Cette substance est présente en quantité forte dans la levure de bière : pas seulement sur le plan quantitatif mais aussi sur le plan qualitatif.
En fait, il s’avère que toute tentative d’amélioration de la tolérance au glucose à l’aide de composés chromés synthétiques ne soit pas d’une aussi grande efficacité que les composés GTF naturels extraits de la levure de bière.

Le chrome évite le phénomène d’insulino-résistance.

L’oligo-élément métallique chrome a été baptisé « cofacteur de l’insuline ». Sa qualité spécifique provient du fait que le chrome joue un rôle prépondérant dans le métabolisme des glucides et tout autant des lipides.
Le paradoxe, c’est que, dès le siècle dernier, on connaissait les effets positifs de la levure de bière avec son facteur GTF. Les écrits scientifiques de la première moitié du siècle dernier la légitiment. Pourtant, ces prémices furent abandonnées dans les années 1960 parce que l’on se fia un peu trop au traitement à l’insuline…

Il n’y a pas que l’insuline qui agit

Actuellement, tout le monde est d’accord, l’insuline est connue par tout un chacun comme régulateur de la glycémie. Mais, on a sous estimé le facteur de tolérance au glucose ( GTF) . On sait depuis 1959 que le chrome est indispensable à la présence et au bon fonctionnement du GTF.
C’est, en fait, l’interaction des deux éléments ( insuline et facteur GTF)qui rend possible l’acheminement du sucre à son lieu de destination : les cellules du corps.

La faculté du chrome est d’augmenter considérablement le degré d’efficacité de l’insuline.

Le diabète de type 2 provient souvent d’un déficit en chrome

C’est, en 1973, que l’on a découvert le rapport de cause à effet, quand il y a un déficit en chrome dans l’apport alimentaire. Curieusement, avec l’agriculture intensive qui règne partout dans le monde, le chrome est un élément manquant. Nos sols sont, comme les produits alimentaires qui en résultent, extrêmement pauvres en chrome. En plus, les pertes s’avèrent importantes lors de la transformation et la préparation des aliments.
Signalons cependant que nous nous référons toujours au chrome qu’on nomme trivalent et, que l’on trouve de manière prodigue dans les levures de bière. Le chrome utilisé dans l’industrie est hexavalent et s’avère toxique.

L’insulino-résistance est en pleine expansion

Le diabète qui affecte le plus grand nombre de personnes (90% de diabète sucré en France) est le diabète de type 2 (non insulinodépendant) et il apparait presque toujours après 40 ans.

Signalons que les victimes ont bien souvent toute l’insuline nécessaire, mais leur organisme semble résister à son action hypoglycémiante, celle qui permet de faire baisser le taux de sucre dans le sang. Plusieurs millions de français en souffrent et la moitié ignore qu’ils en sont atteints avec plus ou moins de sévérité. Une prise de sang sert alors de verdict.

Le diabète type 2 se manifeste de la façon suivante :

Lorsque les cellules deviennent paresseuses et répondent moins efficacement aux requêtes de l’insuline qui travaille à maintenir le glucose à un niveau normal, le pancréas doit produire rapidement et sans interruption une quantité supérieure d’insuline afin de maintenir à un niveau adéquat le taux de sucre dans le sang.
Fatigué, épuisé, le pancréas peut faillir à la tâche, forçant alors le corps à capituler face à un diabète de type 2 qui peut alors définitivement s’installer dans l’organisme.

On a longtemps cru que c’était le fait de manger trop de sucre qui pouvait donner du diabète ; actuellement on comprend que cette maladie est plus complexe qu’il n’y paraît et que c’est globalement l’alimentation qui est en cause avec :

• Une consommation excessive d’aliments à indice glycémique élevé.
• Une absence de substances qui stimulent ou amplifient l’action de l’insuline ou qui agissent directement comme régulatrice du sucre sanguin.
• Une absence d’antioxydants (vitamines C et E mais aussi glutathion et polyphénols) qui parent aux attaques des radicaux libres contre les cellules bêta ( qui sécrètent l’insuline). Ces antioxydants préviennent l’inflammation ; ils neutralisent également chez les diabétiques l’oxydation du cholestérol LDL dont les répercussions sont beaucoup plus graves que chez les non diabétiques.
• Il semble donc que dans l’alimentation contemporaine il manque des nombreuses substances favorables au bon métabolisme des glucides.
• Il semble aussi que les aliments raffinés augmentent la glycémie post prandiale* facteur qui prédispose au diabète.
• Signalons toutefois que chez les diabétique insulinodépendants, leur état pourrait être du à des réactions allergiques différées à certains constituants alimentaires dont les protéines du lait.

En fait l’insulino-résistance advient quand les récepteurs des cellules ne répondent plus de façon adéquate à l’insuline. En faisant cela, la cellule est incapable de permettre au glucose d’entrer. Elle sera alors privé de sa source d’énergie.

Réduire la glycémie post prandiale* : une stratégie qui donne des résultats.

L’un des facteurs qui influe sur l’absorption du sucre est la vitesse à laquelle l’estomac se vide. L’estomac a une vanne (le pylore) qui reste fermée lorsque nous mangeons et le restera jusqu’à ce que certains signaux hormonaux lui permettent de s’ouvrir.
En fait, ces signaux sont essentiellement tributaires d’un facteur : l’indice glycémique. Si le repas est composé d’aliments à indice glycémique élevé, cela entrainera une augmentation rapide de glucose sanguin. C’est ce problème important qu’il faut enrayer, si nous voulons éviter le phénomène de résistance à l’insuline.

Une façon de minorer ce processus, c’est de manger des aliments qui ralentissent le rythme auquel les aliments arrivent dans l’intestin grêle.

Une étude publiée en 2007 dans American Journal of Clinical Nutrition montre qu’une épice la cannelle s’avère efficace pour ralentir la vidange gastrique. Des chercheurs de l’Université de Lund en Suède ont étudié les effets de la cannelle sur le temps de vidange gastrique et le taux de glucose sanguin. Ainsi, ils ont pu constater que des volontaires qui mangeaient du riz au lait avec de la cannelle avait une vidange gastrique bien plus lente que ceux qui n’avaient qu’un riz au lait sans apport de cannelle. De plus, ceux du groupe « cannelle » n’eurent pas à souffrir d’une augmentation rapide de glycémie qu’on observa chez les autres.

Des épices favorables à une bonne glycémie

Il semble, selon le chercheur Richard Anderson, que plusieurs épices amplifient l’action positive de l’insuline. Le geste qui nous porte à saupoudrer fréquemment nos plats de cannelle, de clou de girofle, de curcuma irait au-delà d’une simple affaire de papilles gustatives.
Ces épices ont en vérité des propriétés médicales favorisant une bonne assimilation des glucides qui entrent dans les aliments sucrés ; le corps transforme donc plus favorablement le sucre et, il réclame donc moins d’insuline au pancréas. Après avoir mis en présence une certaine quantité d’insuline avec divers types d’aliments dans une éprouvette, le Dr Anderson s’est rendu compte que trois épices et une herbe en particulier avaient réagi à l’hormone : il s’agit de la cannelle (exceptionnellement active), du clou de girofle, du curcuma et des feuilles de laurier.

Des études récentes considèrent le diabète 2 comme une cascade de phénomènes oxydants (glycation). Le pancréas souffrirait de ces attaques au point d’entamer une pathologie de dégénérescence.
Plusieurs études in vitro chez l’humain indiquent que la cannelle renferme des composés antioxydants aux propriétés proches de l’insuline pour lutter contre le diabète.

Chez l’insulino-résistant, la consommation de 1 à 6 g de cannelle moulue pendant 40 jours ou encore d’un extrait de cannelle pendant quatre mois a entrainé une nette diminution de glucose sanguin. Certes, pour cet épice, ce sont des quantités difficiles à avaler au quotidien, il s’avère préférable de prendre pour des raisons pratiques des extraits standardisés de cannelle.

Quelques mesures pour soulager le diabète

*Pour prévenir le diabète insulinodépendant : éviter au cours de la première année de vie du nourrisson de lui donner du lait de vache ou tout autre produit laitier. Majorez l’allaitement maternel.

*Pour se protéger du diabète de type 2 (le plus fréquent) : consommer des aliments riches en chrome et protecteurs comme les légumineuses, les noix, la levure de bière, les céréales complètes.

*Pour équilibrer un diabète déjà déclaré : consommer surtout des aliments riches en fibres, en accordant une place de choix à ces dernières dont « l’indice glycémique » est moins élevé que celui des autres aliments. Les denrées riches en fibres solubles, dont les légumineuses et l’avoine, constituent un remède qui permet l’absorption des sucres contenus dans les aliments et préviennent les pics de glucose sanguins qui surviennent après les repas

* Minorer la consommation de matières grasses car, celles-ci favorisent la résistance à l’action de l’insuline. Il faut aussi impérativement surveiller son poids : tout excès pondéral favorise le développement du diabète.

* Un apport de protéines de poissons (idéal sous forme d’hydrolysat de poisson) semble favorable aux bonnes fonctions de l’insuline.
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Ainsi, une étude récente effectuée par les Drs Hélène Jacques et André Marette de l’Université Laval, a démontré qu’une diète riche en protéines de morue améliorait la sensibilité à l’insuline et pouvait ainsi prévenir des problèmes liés au diabète de type 2, qui est la forme la plus fréquente de diabète.
*En Inde, Chine et au Japon depuis des siècles, sont employés pour le traitement du diabète les feuilles de l’arbre lagestroemia speciosa sous forme de thé. Dans ces feuilles, un composé actif a été trouvé : l’acide corolosique. En stimulant le transport du glucose à travers les membranes cellulaires, l’acide corosolique présente un effet hypoglycémiant. Il permet de restaurer une glycémie normale chez le diabétique de type 2. Après l’arrêt de la prise d’acide corosolique, cet effet perdure un certain temps.

* Signalons aussi que les polyphénols et flavonoïdes ont une activité heureuse à l’encontre de l’insulino-résistance. En fait, ces substances se trouvent en abondance dans le raisin mais il semble que ceux issus de la pomme soient le plus favorables.
* Pour les plantes, le mûrier semble bien indiqué mais aussi l’olivier, le fenugrec etc. (nous laisserons lors d’un prochain article, Gilles Corjon nous apporter son savoir en la matière)

L’immense désarroi de celui ou celle à qui l’on trouve un diabète de type 2

La personne qui se trouve insulinodépendante (diabète type 1) a bien souvent appris à vivre avec son problème si bien qu’elle sait « assez bien le gérer ». L’individu qui apprend de manière fortuite qu’elle a un peu trop de sucres dans le sang, bien souvent ne sait plus à quel type de « régime » se fier. Pendant des décennies, elle n’a pas fait bien attention à ce qu’elle mangeait et elle se trouve confrontée à quelque chose qu’elle ne maîtrise pas. Cela peut la conduire à ne rien faire du tout.

Pour elle, notre message sera le suivant :

Apprenez à manger simplement des aliments les plus proches de la nature :
*Les légumes les plus rustiques sont favorables à une bonne glycémie : les topinambours et les oignons sont fondamentaux en cela ; bien sûr vous n’en consommez pas, mais vous pouvez commencer.
*Les légumes riches en éléments verts – brocolis, mâche, bettes, poireaux – et toutes les salades- essayez par exemple le pourpier.
* Privilégiez les légumineuses : lentilles, pois chiches, azukis ( spécifique macrobiotique préconisé par Ohsawa pour soulager le diabète)
* La levure de bière sera centrale dans votre alimentation. Prenez-la sous forme lyophilisée ou liquide, à défaut en paillettes.
* Mangez des céréales complètes : savez-vous que le sarrasin s’oppose franchement au diabète – surtout par son faible indice glycémique– ?
* Faites connaissance avec l’indice glycémique des aliments, choisissez ceux qui affichent le taux le plus bas.
Enfin pratiquez une activité physique régulière, la marche à pied peut s’avérer suffisante à condition que vous le fassiez tous les jours.

Voilà, nous espérons vous avoir éclairer sur ce problème de santé très répandu dans nos societés modernes.

Roland Reymondier
Ecrivain, conseiller en produits de nutrition

* Qui se produit après les repas