Migraine et état migraineux

corjon-gilles3-150x150Gilles Corjon – D’un point de vue médical, la migraine est une maladie vasculaire cérébrale qui toucherait près de 12% de la population française et qu’il convient de distinguer des maux de tête et autres céphalées à caractère ponctuel. La migraine survient en général chez des sujets prédisposés familialement , c’est une véritable affection parfois fortement invalidante.

L’International Headache Society définit deux types de migraines :

· La migraine sans aura ou migraine commune est caractérisée par des douleurs unilatérales (dans 50% des cas) à caractère pulsatile accompagnées le plus souvent par des nausées et des vomissements ainsi que par la photo ou phonophobie.

· La migraine avec aura ou « migraine accompagnée » dans laquelle une partie du cerveau est mal vascularisée,  ce qui peut entrainer des troubles visuels, des paresthésies, des troubles du langage, un engourdissement d’un bras ou de la face . En général, ces symptômes cèdent au bout d’une ½ heure et précèdent la crise migraineuse.
On notera qu’il y a retour à l’état normal entre les crises sans détérioration cérébrale, que l’intensité de la douleur est variable et que les douleurs peuvent changer de localisation d’une crise à l’autre.

Physiopathologie des états migraineux

Plusieurs théories ont été proposées pour tenter d’expliquer le déclenchement des crises migraineuses.

la théorie vasculohumorale : accorde une place prépondérante au déséquilibre de certains neuromédiateurs comme la sérotonine et certaines catécholamines. A la base , en réponse à divers stress exogènes (aliments) ou endogènes ( stress, hypertension ) il se produit une brusque libération de sérotonne plaquettaire qui induit une vasoconstriction artérielle bientôt suivie par une forte vasodilatation passive responsable de la crise migaineuse. On notera cependant que d’autres neuromédiateurs jouent également un role non négligeable dans la survenue des crises :
. La noradrénaline : le stress et l’anxiété sont souvent des facteurs de déclenchement de la migraine.
. L’ histamine semble très liée aux migraines secondaires à une allergie alimentaire.
. Les prostaglandines dont la PGE1 et le thromboxane A2 qui agisent sur les phénomènes de vaso-constriction intracrânienne et l’agrégation des plaquettes sanguines.

-La théorie neuronale met l’accent sur un phénomène d’ « inflammation neurogénique » en amont des processus de vasodilatation. Cette inflammation aurait pour origine une sensibilisation extrême de certaines régions du cortex trop sollicitées par une surcharge d’informations sensorielles.

– La théorie centrale insiste sur le rôle majeur que joue l’hypothalamus dans le réglage de l’horloge biologique interne.Chez les migraineux , il est fréquent de trouver une anomalie des taux de sérotonine cérébrale et des taux nocturnes anormalement bas de mélatonine . Une dysrégulation hypothalamique serait donc à l’origine de la migraine.

Facteurs favorisants des migraines: Les déclencheurs

Parallèlement à une prédisposition familiale, la migraine est souvent la résultante d’une cascade d’évenements perturbateurs qui se situent à différents niveaux :

Les facteurs endocriniens : chez les femmes ( ¾ des migraineux sont des femmes) les oestrogènes semblent jouer un rôle déclencheur, puisqu’en période prémenstruelle , le pourcentage de femmes qui souffrent de céphalées est pratiquement doublé.La migraine cataméniale se produit chaque mois pendant les quelques jours qui précèdent les règles.

– Les facteurs alimentaires et digestifs : Certains aliments riches en amines vasoactives (certains fromages, le chocolat),les nitrites (saucisson, jambon) le glutamate (utilisé dans la cuisine chinoise), l’alcool sont connus pour déclencher des crises migraineuses. Un dysfonctionnement de la vésicule biliaire et du foie , la constipation, le jeûne et l’hypoglycémie sont aussi des déclencheurs.

– Les facteurs physiques et météorologiques : une lumière vive, un vent violent, un orage, une odeur trop prononcée, la chaleur ou le froid suffisent à déclencher une crise chez des sujets sensibilisés.

– Les facteurs neurosensoriels : le changement de rythme,le manque de sommeil mais aussi une nuit trop longue peuvent être des facteurs déclenchants. La migraine du week-end fait suite à un rythme hebdomadaire très soutenu chez l’individu en stress chronique. Elle traduit une difficulté d’adaptation entre les moments d’activité et
de repos.

– Les facteurs psychoaffectifs : jouent un rôle indiscutable chez un grand nombre de migraineux.D’un point de vue psychoénergétique , on constate que les migraines sont fréquentes chez les personnes qui ont une énergie « yang » dominante ( « le sang nous monte à la tête »). La personnalité est dominée par un désir obsessionnel de perfection et par un désir de contrôle qui résulte le plus souvent d’un sentiment de peur et d’insécurité. Dans ce cas , la migraine s’accompagne de douleurs au niveau cervical et dans les trapèzes. La colère, le ressentiment, le sentiment d’injustice sont aussi des émotions qui font « monter le Qi du foie » et le sang au niveau du cerveau provoquant la migraine.

Les traitements naturels des états migraineux

Les traitements allopathiques des migraines reposent principalement sur l’utilisation des dérivés de l’ergot de seigle et des antisérotinergiques. Ces médicaments sont efficaces mais ils ne sont pas dénués d’effets secondaires et de contre indications.

Voilà pourquoi la phytothérapie peut jouer un rôle appréciable dans la prévention des crises migraineuses. De récentes données cliniques permettent d’envisager une réduction du risque migraineux par la consommation d’extraits standardisés de plantes médicinales comme la grande camomille ou le gingembre.

Gilles Corjon
Docteur en pharmacie, herboriste, enseignant à l’école lyonnaise des plantes médicinales